Le réalisateur de Shoah, Claude Lanzmann, 91 ans, ne croit «pas du tout» que le parti d'extrême droite de Marine Le Pen peut gagner l'élection présidentielle en France, dans un entretien à l'AFP.

«Je ne crois pas du tout que le Front national a une chance de gagner l'élection présidentielle» organisée en avril et en mai, estime-t-il, interrogé à l'occasion de la sortie en France d'un livre lui rendant hommage, «Claude Lanzmann, un voyant dans le siècle».

«Dans un pays comme la France avec de grandes et fortes institutions, un gouvernement qui est tout sauf antisémite, je pense que les Français jouent à se faire peur en période d'élections», affirme M. Lanzmann, alors que les sondages prédisent pour l'heure une qualification au second tour de la candidate anti-immigration et anti-euro, mais sa défaite le 7 mai.

Dans le livre consacré à Claude Lanzmann, une vingtaine de personnalités dont le cinéaste belge Luc Dardenne, l'écrivain algérien Boualem Sansal, le Français Philippe Sollers ou encore l'Américain Kent Jones, directeur du New York Film Festival, témoignent de leur attachement à l'ami de Jean-Paul Sartre, résistant face aux nazis à 18 ans et réalisateur, entre autres, de Shoah, film qui demeure, 32 ans après sa sortie, la référence sur l'extermination des Juifs d'Europe durant la Seconde guerre mondiale.

Pour l'heure, Claude Lanzmann revient de Corée du Nord, où il s'est rendu quatre fois depuis 1958 et a tourné Napalm, un film «important et beau» qu'il espère présenter au prochain Festival de Cannes.

«La Corée du Nord n'est pas l'axe du mal selon George W. Bush», soutient le réalisateur. «Quand on comprend ce qu'a été la guerre de Corée, on est agréablement surpris de voir où ils en sont maintenant.»