Dunkerque de Christopher Nolan, le film indien Befikre, le long métrage d'animation Captain Underpants... Dopés par la réforme du crédit d'impôt international, les tournages de films étrangers se sont développés nettement en France l'an dernier, une bonne nouvelle pour l'industrie du cinéma.

Le crédit d'impôt international, mesure fiscale visant à inciter les productions étrangères à se tourner vers la France, a généré 152 millions d'euros de dépenses en 2016, contre 57 millions en 2015.

Au total, 36 projets d'initiative étrangère (cinéma et audiovisuel) ont pu bénéficier l'an dernier de cette mesure, contre 22 en 2015, selon les chiffres du Centre national du cinéma (CNC).

«Les investissements ont quasiment triplé», se réjouit Valérie Lépine, déléguée générale de Film France, chargée de la promotion des tournages et de la postproduction en France, à la veille du Salon des lieux de tournage qui se tient mardi et mercredi à Paris.

«On a une progression massive cette année, comme on n'en a pas eu les années précédentes», ajoute-t-elle.

Le crédit d'impôt international, abattement fiscal mis en place en 2009, a été relevé au 1er janvier 2016 de 20 à 30% des dépenses du film dans l'Hexagone, une mesure qui a amélioré drastiquement l'attractivité fiscale française.

Parmi les films concernés, américains en tête, figure Dunkerque (Dunkirk), récit de l'opération «Dynamo» en 1940, tourné essentiellement dans le nord de la France pendant cinq semaines.

Befikre d'Aditya Chopra, comédie romantique de Bollywood, a été tourné entièrement dans l'Hexagone pendant près de huit semaines, tandis que quelques scènes de Cinquante nuances plus claires, troisième volet de la trilogie romantico-érotique qui sortira en 2018, ont été filmées à Paris.

Jackie de Pablo Larrain avec Natalie Portman a lui été tourné en partie en studio à la Cité du cinéma de Luc Besson, et Mission impossible 6 pourrait choisir la France cette année.

Dreamworks et Disney

Les longs métrages d'animation ne sont pas en reste. Ils sont même à la pointe du mouvement, avec plusieurs films de studios américains tournés intégralement en France.

C'est le cas de Tous en scène et Comme des bêtes, du studio Illumination Mac Guff, qui fabrique les films d'animation d'Universal en France. Mais aussi de Captain Underpants de Dreamworks et Sherlock Gnomes de Paramount, confiés au studio Mikros, ou de Elena de Avalor, série d'animation de Disney, qui sera réalisée par le studio TeamTO.

«Jusqu'à présent, il y avait surtout un studio qui fonctionnait dans le cadre du crédit d'impôt, c'était Illumination Mac Guff. En 2016, on en voit d'autres. Il y a vraiment une entrée assez massive des Américains», souligne Valérine Lépine.

Pour 2017, les signaux sont aussi au vert, alors que vient d'entrer en vigueur au 1er janvier un abaissement du seuil des dépenses minimales pour bénéficier du crédit d'impôt international à 250 000 euros (contre 1 million d'euros). La réforme devrait bénéficier principalement au secteur des effets spéciaux.

Dans le même temps, les tournages de films français ont été, eux, de moins en moins délocalisés l'an dernier grâce à une réforme du crédit d'impôt national. Son taux a été généralisé à 30% à partir de 2016.

Grâce à cela, le taux de délocalisation est tombé à 22% et rejoint «les plus bas niveaux relevés», selon la Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et multimédia (Ficam).

«Le fait que les étrangers viennent tourner en France est concomitant avec le fait que les Français restent en France. On ne peut pas détacher les deux phénomènes. Ça crée un environnement plus favorable», estime Jean-Yves Mirski, délégué général de la Ficam.

Les deux dispositifs ont aussi des effets positifs sur l'emploi. Selon le CNC, ils ont créé au total 15 000 emplois intermittents supplémentaires sur tout le territoire. Un succès «bien au-delà de toutes nos espérances», selon la présidente du CNC Frédérique Bredin.