Après une excellente année 2015, le cinéma français a connu une forte baisse de ses entrées à l'étranger en 2016 en l'absence de locomotives majeures, avec notamment de mauvaises performances en Asie.

Tombant sous le seuil des 50 millions de billets vendus pour la première fois depuis plus de dix ans, les films français ont généré l'an dernier 34 millions d'entrées dans les salles étrangères, a indiqué Unifrance, l'organisme chargé de la promotion du cinéma français à l'étranger.

C'est une chute de près de 70% par rapport aux 111,4 millions de spectateurs en 2015, qui avait constitué sa troisième meilleure année à l'export depuis plus de 20 ans grâce au blockbuster Taken 3, produit par la société de Luc Besson Europacorp, et au film d'animation Le petit prince.

En 2014, Lucy, de Luc Besson, et Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu? de Philippe de Chauveron avaient dopé les entrées.

«Les chiffres de 2016 ne sont pas bons. Cela nous permet de réfléchir à ne pas toujours compter sur Luc Besson et à pousser tous les producteurs qui veulent produire à l'international», a commenté auprès de l'AFP la directrice générale d'Unifrance Isabelle Giordano.

«Il n'y a pas non plus eu de grosse comédie porteuse, comme La cage dorée, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? ou La famille Bélier (...), ou des films d'auteur comme La belle et la bête ou Sils Maria», a-t-elle ajouté.

Alors qu'en 2015, les films français avaient rassemblé plus d'entrées à l'étranger que dans l'Hexagone, ils en ont réuni deux fois moins en 2016. En France, où la fréquentation des salles a été très bonne l'an dernier, les films français ont fait 75 millions d'entrées, en hausse de 3%.

La dispersion des entrées a aussi été très forte, en l'absence de titres phares. Seuls deux films ont dépassé le million de spectateurs, contre neuf en 2015: Le petit prince et le thriller en anglais Oppression avec Naomi Watts, produit par Europacorp.

Kev Adams en Asie

Après plus de 15 millions d'entrées en 2015, Le petit prince en a engrangé encore 3,1 millions en 2016. Il est suivi par Oppression (1,8 million) puis, «plus grande surprise de l'année» selon Unifrance, par Le goût des merveilles avec Virginie Efira (0,9 million).

Viennent ensuite la comédie Les nouvelles aventures d'Aladin avec Kev Adams (0,8 million) et Un homme à la hauteur (0,7 million) avec Jean Dujardin et Virginie Efira.

Mustang, de Deniz Gamze Ergüven, candidat de la France aux Oscars l'an dernier, arrive à la septième place (0,7 million), Chocolat avec Omar Sy à la neuvième (0,6 million) et Elle de Paul Verhoeven, qui vient de remporter le Golden Globe du meilleur film étranger, à la dixième (0,5 million d'entrées).

Par zone géographique, malgré une chute de 39% des entrées par rapport à 2015, l'Europe occidentale redevient la première zone d'exportation en 2016, avec 16,9 millions d'entrées. Elle avait été dépassée en 2015 par l'Asie.

L'Amérique du Nord repasse en deuxième position, avec 6,3 millions de spectateurs, mais les entrées chutent de 61% aux États-Unis et au Canada anglophone. Elle est suivie par l'Amérique latine et l'Europe centrale et orientale.

L'Asie dégringole à la cinquième place, avec moins de 3 millions de spectateurs. En Chine particulièrement, les entrées chutent de plus de 93%. Meilleur résultat de l'année en Asie, Les nouvelles aventures d'Aladin, a notamment attiré plus de 600 000 spectateurs en Chine.

Pour 2017, qui sera notamment marquée par la sortie du blockbuster de Luc Besson Valérian et la cité des mille planètes, Unifrance dit aussi compter sur des films d'auteur et des comédies, et sur le plan de 12 millions d'euros lancé en novembre par le Centre national du cinéma (CNC) pour soutenir les exportations.

«Je pense qu'il y a de belles choses qui arrivent pour les deux ans qui viennent», a indiqué Isabelle Giordano.