Dans l'esprit - et dans le coeur - du plus grand nombre, elle était la princesse Leia, l'héroïne toute de blanc vêtue de Star Wars. Mais elle était beaucoup, beaucoup plus que cela, Carrie Fisher, qui a succombé mardi à une crise cardiaque survenue vendredi, peu avant que n'atterrisse le vol Londres-Los Angeles à bord duquel elle avait pris place. Elle avait 60 ans.

Fille de l'actrice Debbie Reynolds (qui lui survit) et mère de la comédienne Billie Lourd, Carrie Fisher ne jouait pas que devant la caméra. Elle était formidable sur scène (en juillet dernier, elle était d'ailleurs de passage à Montréal pour animer un gala Just For Laughs), où elle livrait avec gouaille et verve des mots de son cru. Car elle avait aussi une plume pleine d'humour et d'autodérision, que l'on a pu découvrir dans Wishful Drinking (adapté de son one-woman show). Elle avait remis ça dans The Princess Diarist, publié le mois dernier.

Comme actrice, on a entre autres pu la voir dans Hannah and Her SistersThe Blues Brothers, When Harry Met Sally. À la télévision, elle a fait des apparitions dans 30 Rock, Weeds, The Big Bang Theory, Smallville et même dans la série d'animation Family Guy.

Plus récemment, elle a livré une prestation remarquée où elle jouait son propre rôle dans Map to the Stars de David Cronenberg... avant de reprendre son rôle de Leia l'an dernier, dans Star Wars : Episode VII - The Force Awakens.

Et elle s'est avérée être le clou du spectacle lors des événements de presse qui ont précédé et suivi la sortie du film de J.J. Abrams. Toujours accompagnée de Gary, son bouledogue français, elle faisait preuve d'un formidable sens de l'humour - « Il le faut, pour porter de tels postiches et costumes ! Cette fois, je suis habillée comme un pompiste et j'ai une coiffure style cul de babouin... et je dis ça avec amour ! », a-t-elle lancé lors de la conférence de presse à laquelle La Presse a assisté. Elle avait ajouté avoir pleuré au visionnement du film - en voyant son visage en HD sur grand écran.

Ce mordant se retrouvait aussi dans son spectacle (et son autobiographie) Wishful Drinking, où elle revenait sur l'époque Star Wars (« Quand George Lucas m'a montré le bikini que je devais porter dans Return of the Jedi, j'ai cru à une plaisanterie »), mais également sur ses dépendances aux médicaments et à la cocaïne et sur ses problèmes de santé mentale (on lui a diagnostiqué une maladie bipolaire).

En juin, elle avait d'ailleurs indiqué qu'elle allait tenir une rubrique dans le quotidien britannique The Guardian, où elle donnerait des conseils à ceux qui feraient face aux problèmes psychologiques et de toxicomanie qu'elle avait dû affronter.

Script doctor

Son sens de la formule écrite a fait d'elle une « script doctor » appréciée à Hollywood. Ainsi, son adaptation de Postcards from the Edge, roman autobiographique qu'elle a elle-même scénarisé, a été remarquée par Steven Spielberg, qui l'a engagée pour revoir le scénario de Hook. Elle a aussi travaillé sur les scénarios de Lethal Weapon 3, The Wedding Singer et beaucoup d'autres.

Une expérience qu'elle a bâtie petit à petit et qui avait débuté de façon informelle, alors qu'elle avait apporté des modifications aux dialogues auxquels elle prenait part dans A New Hope et les volets subséquents de Star Wars.

Parlant de Star Wars, l'aventure n'était pas terminée pour elle. Celle dont le long métrage préféré de la saga demeurait The Empire Strikes Back (« C'est le Star Wars spirituel, le John Lennon des Star Wars ») avait repris le rôle de la générale Leia Organa dans l'épisode VIII, qui a été bouclé cet été, est actuellement en postproduction et sortira en décembre prochain.

Peu après le tournage, lors de la Star Wars Celebration Europe, elle avait avoué « être nulle avec les divulgâcheurs » et, du même souffle, avait mentionné que l'on verrait les funérailles de Han Solo dans le long métrage de Rian Johnson... avant de laisser échapper qu'elle serait de retour dans l'épisode IX.

Le destin en aura décidé autrement.