Certains longs métrages ont été inspirés à divers degrés par la réalité politique américaine. Voici quelques exemples de films qui ont eu un impact notable dans l'histoire du cinéma ou dans la culture populaire.

The Manchurian Candidate (1962)

Le film de John Frankenheimer met en scène un soldat américain qui, sous l'emprise hypnotique d'espions communistes nord-coréens, est chargé d'assassiner son président. JFK est tué moins d'un an plus tard par un sympathisant communiste; le film est retiré des salles au plus vite. The Manchurian Candidate est le prototype du thriller dit «paranoïaque», qui a connu son apogée dans les années 70. Des films comme The Conversation, The Parallax View et Three Days of the Condor se nourrissaient entre autres du climat d'incertitude suivant le scandale du Watergate. Ils présentaient des héros solitaires poursuivis par des organisations obscures cherchant à les empêcher de révéler un secret. 

Dr. Strangelove (1963)

Probablement le film le plus pertinent sur les travers de la politique à grand déploiement. L'adaptation par Stanley Kubrick du roman Red Alert, racontant l'histoire d'un général de l'US Air Force qui tente de lancer une attaque nucléaire contre l'URSS, devait à l'origine prendre la forme d'un drame conventionnel. Mais le climat d'hostilité grotesque entre les deux adversaires de la guerre froide dépeint dans le livre a fini par mener sa version cinématographique sur le terrain de la comédie noire. «Après tout, qu'y a-t-il de plus absurde que deux puissances militaires prêtes à annihiler l'humanité à cause d'un petit accident?», demanda Kubrick.

Nashville (1975)

À l'occasion d'une fête de la musique, les organisateurs d'une campagne électorale essaient de promouvoir leur candidat lors d'événements présentant les plus grandes vedettes country du pays. L'exploitation de la classe populaire par la classe dirigeante est illustrée de manière aussi cruelle qu'humoristique. Le chef-d'oeuvre de Robert Altman fait d'ailleurs écho aux nombreux assassinats politiques survenus dans les années 60, notamment celui de JFK à Dallas, au Texas. Lors de la finale sanglante, un chanteur lance cette réplique mémorable: «This isn't Dallas, it's Nashville! They can't do this to us here in Nashville!»

JFK (1991) et Nixon (1995)

Les deux oeuvres majeures d'Oliver Stone. Contrairement à ce que sa réputation laisse entendre, JFK n'est pas un brûlot encensant les théories du complot qui renient les conclusions du rapport Warren, l'enquête officielle sur l'assassinat de John F. Kennedy. Il s'agit plutôt d'un plaidoyer pour la curiosité intellectuelle. Aux yeux de Stone, remettre en doute son gouvernement constitue un geste patriotique. Quant à Nixon, on est loin de l'attaque en règle de la part d'un artiste de gauche contre le controversé président républicain. Il y est plutôt dépeint comme une figure tragique: le politicien qui a une soif de pouvoir inépuisable, prêt à tout pour arriver au sommet, et dont la chute n'en est que plus brutale.

image tirée de l’internet

Nashville

Wag the Dog (1997)

Le cinéma comme prophétie. L'occupant de la Maison-Blanche, en pleine campagne pour sa réélection, se retrouve dans l'embarras après un scandale sexuel qui fait les choux gras des médias. Dans l'espoir de distraire l'électorat, le conseiller du président demande l'aide d'un producteur d'Hollywood pour fabriquer une guerre factice contre l'Albanie. Le film a pris l'affiche avant l'affaire Monica Lewinsky et l'intervention militaire américaine au Kosovo (région constituée à 90 % d'albanophones) qui l'a suivie de peu. En somme, une critique féroce et hilarante des médias sensationnalistes et du patriotisme aveugle.

* Tous les films cités sont offerts en Blu-ray et DVD.