Michel Galabru, un des acteurs français les plus populaires, est décédé lundi à 93 ans, après une carrière marquée par une longue liste de «navets» mais aussi de grands rôles au cinéma et au théâtre.

Le comédien à la voix tonitruante et à l'accent méridional s'est éteint «dans son sommeil» à 5h30, a indiqué à l'AFP sa famille.

Au cinéma comme au théâtre, il avait mis sa faconde au service d'un répertoire des plus variés, de pièces de boulevard ou de films très grand public comme les Gendarmes de Jean Girault, à des oeuvres plus exigeantes.

Recevant son premier Molière (récompense théâtrale prestigieuse) en 2008, à 85 ans, il avait remercié «tous les mauvais textes (qui lui) ont permis souvent de vivre». «J'ai eu quand même quelques beaux textes au cinéma, parmi beaucoup de navets, pour manger et échapper au fisc».

Né le 27 octobre 1922 à Safi (Maroc), Michel Galabru entre au Conservatoire d'art dramatique d'où il sort avec deux premiers prix, de comédie classique et de comédie moderne.

Pensionnaire à la Comédie Française à partir de 1950, il y joue des classiques avant de quitter cette institution en 1958.

Au cinéma, il accède à la notoriété avec La guerre des boutons (1961, Yves Robert) et surtout la série des Gendarmes de Saint-Tropez de Jean Girault, qui débute en 1964, face à Louis de Funès.

Au fil des années 1960-70 suit une longue liste de navets aux titres pittoresques: Le facteur s'en va-t-en guerre, Poussez pas grand-père dans les cactus, La dernière bourrée à Paris, Le plumard en folie...

Au total, cet acteur insatiable, réputé timide et généreux, accusé parfois d'avoir gaspillé son talent, a tourné quelque 200 films.

En 1976, Bertrand Tavernier lui offre le rôle exigeant d'un tueur dans la France du 19e siècle, dans Le juge et l'assassin, face à Philippe Noiret. Son interprétation saisissante lui vaut en 1977 la récompense suprême du cinéma français, un César, dans la catégorie du meilleur acteur.

Un quart de réussite

L'acteur ne délaisse pas les comédies franchouillardes mais il occupe aussi quelques seconds rôles marquants dans des films plus ambitieux: Une semaine de vacances de Bertrand Tavernier, Celles qu'on n'a pas eues de Pascal Thomas, L'été meurtrier de Jean Becker, Notre histoire de Bertrand Blier, Subway de Luc Besson, Soigne ta droite de Jean-Luc Godard...

Dans Bienvenue chez les Ch'tis, comédie populaire phénomène de l'année 2008, quelques minutes lui suffisent pour marquer les esprits avec une scène d'anthologie, dans laquelle il décrit à son neveu les misères du «Noooord» de la France.

Mais Michel Galabru se voulait avant tout homme de théâtre. Dans sa jeunesse, il rêvait d'être Sacha Guitry. «Je voulais être Sacha Guitry. Je ne suis que Michel Galabru. Ce n'est qu'un quart de réussite», regrettait-il, cachant ses doutes sous des airs rigolards.

Il avait acheté deux théâtres parisiens et affirmait n'être jamais monté sur les planches uniquement pour l'argent, même si les nombreuses pièces de boulevard qu'il a interprétées ont souvent fait un triomphe.

Sur scène, il a toujours conservé le goût des grands textes et alterné répertoire classique et oeuvres plus populaires. Outre La claque (André Roussin), L'entourloupe et Monsieur Amédée (Alain Reynaud-Fourton), Bon appétit, Messieurs! (Jean Galabru), La femme du boulanger et Les marchands de gloire (Marcel Pagnol), il a notamment interprété Don Juan et Le bourgeois gentilhomme (Molière), Les rustres et Le riche convoité (Goldoni).

Au printemps 2008, il recevait le Molière du meilleur acteur pour son interprétation dans Les chaussettes opus 124 de Daniel Colas, sous les ovations d'un public qui s'était levé pour rendre hommage à l'une des figures du théâtre français.

Michel Galabru était encore récemment sur les planches.