À une époque où la musique classique est souvent perçue comme confidentielle, la saga Star Wars donne au genre une popularité inégalée et les notes de ses thèmes principaux sont connues presque universellement.

Pour signifier l'aventure, jouez le thème d'ouverture de Star Wars. L'idée de méchanceté est-elle instinctivement associée à celui de Darth Vador, même chez des personnes qui ne connaissent pas les films.

Avec plus de trois quarts des Américains ayant vu l'un des six volets et des millions de fans qui attendent la sortie du dernier opus Le réveil de la Force, le succès des partitions de John Williams ne devrait pas faiblir.

Le prolifique compositeur américain de 83 ans est l'auteur de la musique des sept Star Wars et des bandes originales d'innombrables films cultes, d'Indiana Jones à E.T ou Jurassic Park en passant par Harry Potter.

Son influence est telle à Hollywood qu'il a déjà reçu plus de nominations aux Oscars que n'importe qui dans l'histoire, à l'exception de Walt Disney.

«À chaque fois que je joue la musique de John Williams, avec n'importe quel orchestre à travers le monde, c'est toujours un grand succès», affirme Michael Krajewski, chef d'orchestre à Atlanta qui donne une série de concerts avant la sortie de l'épisode VII de Star Wars aux États-Unis le 18 décembre.

«Quand je donne ces concerts, j'ai envie de me retourner et de dire au public «Si vous aimez cette musique, venez aux concerts classiques que donne cet orchestre, car c'est tellement semblable à ce que vous allez entendre»», poursuit-il.

L'intrigue en notes

Une vidéo virale filmée par un babyphone est récemment venue rappeler l'influence de la musique de John Williams. Les parents du bambin l'ont ainsi surpris en train d'entonner seul dans son berceau les notes de «la marche impériale» qui accompagne en général Lord Vador.

Si le premier film a marqué toute une génération par sa maîtrise des effets spéciaux, la musique de Star Wars était, elle, bien ancrée dans la réalité.

Le succès de ces mélodies, dont les premières partitions ont été interprétées par l'Orchestre symphonique de Londres, tient notamment dans le fait que la musique classique avait pris un tournant très abstrait au moment de la sortie du premier film en 1977, explique Rossen Milanov de l'Orchestre symphonique de Columbus.

Dans la bande originale de Star Wars, «vous entendez le romantisme fantastique des instruments à cordes, l'inventivité incroyable des bois, et de manière générale ce néo-romantisme qui manquait à l'époque dans les très sérieux cercles de musique classique», poursuit l'artiste qui propose lui aussi en concert la musique de John Williams.

Les thèmes de Star Wars, parfois comparés à la musique de Richard Wagner, jouent aussi un rôle crucial dans la narration des films.

George Lucas, le créateur de Star Wars, a même expliqué avoir demandé au compositeur d'écrire en imaginant qu'il s'agissait de films muets où la musique tient lieu de dialogues.

«Charme immédiat»

Peu de choses ont filtré sur ce que John Williams a concocté pour Le réveil de la Force. Dans une vidéo de promotion, il laisse entendre que des références seront faites à la musique des débuts.

En 1999, lors du quatrième opus, il s'était montré toujours plus expérimental en incorporant du chant choral dans la bande originale.

Les influences dans la musique de Star Wars sont diverses, le thème qui accompagne un combat au sabre laser «Duel of the Fates» reprenant par exemple les paroles d'un poème médiéval gallois chanté en sanskrit.

John Williams, qui a aussi composé en dehors du cadre cinématographique - il est notamment l'auteur de plusieurs hymnes de Jeux olympiques - est respecté par l'establishment de la musique classique.

Certains puristes sourient cependant à l'idée que Hollywood ait sa place dans les salles de concerts classiques.

John Williams a su montrer que l'expression artistique moderne n'a plus besoin d'être «très noble ou difficile à comprendre», estime Rossen Milanov, mais possède au contraire «un charme émotionnel immédiat».

Le compositeur de Star Wars permet de rassembler tenants de la tradition musicale et public plus contemporain, poursuit-il.

«Pour beaucoup (sa musique) est ce qu'ils entendront de plus proche de la musique classique», souligne M. Milanov.