Un ex-ministre de la Justice et ténor de la droite conservatrice victorieuse des élections législatives en Pologne dimanche s'est prononcé jeudi pour l'extradition aux États-Unis du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, à la veille de la décision attendue à ce sujet d'un tribunal de Cracovie.

«Nous devrions autoriser l'extradition de Polanski. On ne peut protéger personne contre sa responsabilité pour un acte aussi odieux que celui d'avoir abusé d'une mineure», a déclaré aux journalistes Zbigniew Ziobro, élu député sur les listes du parti conservateur catholique et populiste Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski.

«La pédophilie est un mal qu'il faut poursuivre», a insisté M. Ziobro. Debut octobre, M. Kaczynski avait déjà dit «rejeter l'idée de gracier quelqu'un, du simple fait qu'il soit un réalisateur éminent, mondialement connu».

Le tribunal de Cracovie, qui instruit la demande d'extradition américaine, devrait annoncer sa décision vendredi, selon l'avocat du réalisateur, Me Jerzy Stachowicz, interrogé par l'AFP. Il a dit ne pas savoir si son client assisterait ou non à cette séance du tribunal.

«Un refus d'extradition prononcé par le tribunal sera définitif. En revanche, dans le cas d'un feu vert, nous aurons toujours la possibilité d'en faire appel», et l'ultime décision appartiendra au ministre de la Justice, a précisé Me Stachowicz.

«Si une telle décision doit être prise par le futur ministre de la Justice, quel qu'il soit, il devrait donner son accord à l'extradition», a insisté jeudi M. Ziobro, tandis que le futur gouvernement sera formé par Droit et Justice, qui dispose de la majorité absolue dans le nouveau parlement.

Les États-Unis avaient adressé à la Pologne en janvier une demande d'extradition de M. Polanski, 82 ans, après une apparition publique à Varsovie du réalisateur du Bal des vampires et de Rosemary's Baby.

En 1977, en Californie, Roman Polanski, alors âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de «rapports sexuels illégaux» avec une mineure s'était enfui des États-Unis avant la lecture du verdict, craignant d'être lourdement condamné.

La ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d'extradition n'est pas fondée, compte tenu de l'accord passé à l'époque entre le cinéaste et la justice américaine.

Aux termes de cet accord, accepté par le procureur et les avocats de la victime, disent-ils, la peine prévue a été purgée par leur client.

Aucune mesure préventive n'a été prise en Pologne contre Roman Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer.