Révélées au grand jour l'an dernier, les disparités de salaire entre acteurs et actrices sont LE sujet de l'heure à Hollywood.

Comment se fait-il que ces mecs gagnent plus que moi?

C'est la question posée par Jennifer Lawrence, il y a quelques jours, dans une lettre ouverte qui a fait beaucoup de bruit dans les médias. La jeune actrice de 25 ans ajoutait son grain de sel à la controverse qui prend de plus en plus d'ampleur dans l'industrie du cinéma: l'inégalité salariale entre hommes et femmes.

La «crise», si on peut la nommer ainsi, a débuté il y a un an lorsque les boîtes de courriels des studios de Sony Pictures Entertainment ont été piratées et que leur contenu a été dévoilé. On a ainsi appris que les actrices Jennifer Lawrence et Amy Adams, les deux vedettes du film American Hustle, avaient été moins bien payées que leurs collègues masculins.

La jeune actrice, vedette des films Hunger Games et lauréate d'un Oscar pour son rôle dans Silver Linings Playbook, a abordé la question dans Lenny, une publication féministe lancée cet automne par Lena Dunham, créatrice de la série Girls

«Je mentirais si je disais que mon envie d'être appréciée n'avait pas influencé ma décision. Je n'étais pas en colère contre Sony. J'étais en colère contre moi-même. J'avais échoué en tant que négociatrice parce que j'avais abandonné trop tôt.»

La liste annuelle des salaires hollywoodiens du magazine Forbes révèle que Jennifer Lawrence est l'actrice la mieux payée en ce moment avec un revenu annuel d'environ 52 millions US. C'est beaucoup, mais c'est bien moins que le salaire de l'acteur le mieux payé, Robert Downey Jr., qui gagnera autour de 80 millions dollars US cette année. À Hollywood, les hommes gagnent en moyenne deux fois et demie le salaire de leurs collègues féminines.

Même Meryl Streep, une des actrices les plus appréciées et respectées dans le monde occidental, admet qu'elle gagne moins que ses collègues masculins. Elle a d'ailleurs décidé de militer en faveur de l'Equal Rights Amendment afin que le Congrès inscrive le principe d'équité salariale dans la Constitution américaine.

Parlez-nous!

Dites-le-nous si vous avez été victime de discrimination. C'est, en gros, l'invitation lancée par l'Equal Employment Opportunity Commission (ECCO), un organisme fédéral américain chargé de se pencher sur le problème. «Nous sommes sensibles à votre volonté de faire part de votre histoire personnelle et des obstacles que vous avez rencontrés dans votre carrière», peut-on lire dans cette lettre envoyée il y a un peu plus de deux semaines à une cinquantaine de réalisatrices travaillant dans les grands studios californiens.

La question est de savoir si les studios violent le California's Fair Pay Act, une loi ratifiée par le gouverneur Jerry Brown qui impose l'équité salariale aux entreprises californiennes.

Si les femmes répondent par l'affirmative, il y aurait alors matière à recours collectif.

Mais avant d'imaginer Jennifer, Meryl et Gwyneth réunies sous la même banderole et marchant dans la rue pour revendiquer leurs droits, il faudra prouver qu'il y a effectivement des inégalités qui défavorisent les femmes. Or, ce n'est pas évident dans une industrie où la négociation d'un contrat se fait derrière des portes closes et dépend de plusieurs facteurs: la notoriété de l'acteur, son pouvoir d'attraction, le budget du film, etc. La partie est loin d'être gagnée, mais le sujet, lui, est enfin exposé au grand jour.