Le cinéaste et producteur François Delisle a décidé de se lancer dans la distribution de films et compte explorer de nouvelles avenues de travail dans ce domaine.

C'est ce que M. Delisle a expliqué en entrevue à La Presse cette semaine au Festival international du film francophone de Namur où il présentait Chorus, sa plus récente oeuvre.

«La maison de distribution s'appellera Fragments et nous allons lancer ses activités avec un premier événement, soit une rétrospective de mes six longs métrages, du 23 au 26 novembre au cinéma Excentris», précise-t-il.

Pour lui, il est nécessaire de repenser la façon de distribuer les films québécois au Québec parce que la résonance est de plus en plus ténue.

«J'en parle souvent au cours de mes voyages. Les gens sont très surpris du dynamise existant au Québec et de la qualité des films que nous faisons. C'est un commentaire que j'entends partout sur la planète. Mais là où le bât blesse, c'est la diffusion de nos films sur notre propre territoire qui est, à mon avis, un drame. Je le vis. Tu peux avoir les meilleures critiques au monde, la meilleure réputation, il faut beaucoup d'argent de faire déplacer les gens.»

La solution à ses yeux passe par un déplacement du distributeur vers les cinéphiles en amont de la sortie des films. Et lorsqu'on parle de déplacement, il est dans ce cas-ci, virtuel.

«La distribution doit maintenant s'impliquer avant même qu'un film soit fait et non à la fin de la chaîne, dit le cinéaste et producteur. On peut le faire par un processus de création d'une plateforme internet qui va évoluer avec le film. Dès le départ, on met en place du sociofinancemnt. Puis, on s'organise pour que les gens voient le film évoluer de la préproduction à la production à la postproduction jusqu'à la sortie en salles. Une personne s'intéressant au film dès le départ va être liée à celui-ci.»

Cette forme de pont entre le créateur et le spectateur se fait ailleurs dans le monde mais pas au Québec, dit François Delisle. Il se dit que cette forme d'engagement demande plus d'énergie mais il croit qu'elle sera plus satisfaisante.

Ajouter une corde à son arc, c'est bien. Mais cela n'aura-y-il pas un impact sur sa propre création? Le réalisateur croit que non. D'abord, il soutient que les films qu'il distribuera devront correspondre à la «ligne éditoriale» de sa maison de production 53/12. Et ce nouveau volet doit aussi se moduler à son propre calendrier de travail.

Évidemment, une embauche est toujours possible. «À l'heure actuelle, nous sommes trois à la maison de production. Nous verrons comment les choses s'organisent. C'est un processus qui demande un engagement plus grand. Moi, je suis prêt à le faire.»

Actuellement, M. Delisle et son équipe sont en train de restaurer ses trois premiers films et de mettre l'ensemble de ses réalisations sur support de distribution numérique. Il bénéficie de la collaboration de son distributeur actuel, FunFilms, qu'il décrit comme un allié et non un nouveau concurrent.

M. Delisle espère par ailleurs tourner à l'automne 2016 et au printemps 2017 son prochain film dont le titre de travail est Cash Nexus. «Je revisite le mythe de Caïn et Abel mais dans le Montréal moderne», dit-il. Autre projet sur son radar, la production du prochain film de Rodrigue Jean.