Les obsèques de la comédienne Monique Joly, qui a succombé à un cancer du pancréas le 8 juillet dernier, seront discrètes, à l'image de la femme de 82 ans qui a joué dans les premières pièces de Michel Tremblay. La famille a en effet décidé d'organiser une cérémonie intime, qui devrait avoir lieu dans les prochains jours.

Connue pour ses rôles dans les films Les mains nettes (1958) et À tout prendre (1963) de Claude Jutra ou encore dans La vie heureuse de Léopold Z (1965) de Gilles Carle, Monique Joly a étudié en lettres à l'Université Laval avant de suivre une formation d'actrice à l'École d'art dramatique du TNM.

Mme Joly était mariée au comédien Benoit Girard, avec qui elle a notamment joué dans le téléroman de Marcel Dubé La belle province. Elle a fait ses débuts à la télévision en 1955, dans le téléroman Cap-aux-sorciers, où elle a incarné le personnage de Nichouette. Elle a aussi joué dans la série pour enfants Grujot et Délicat, de 1968 à 1975.

Une femme «mystérieuse»

Le codirecteur artistique du Nouveau Théâtre expérimental Alexis Martin a côtoyé l'actrice native de Jonquière au début des années 90. Elle a joué à ses côtés dans une pièce qu'il a écrite et mise en scène avec René Richard Cyr, L'apprentissage des marais, présentée en 1994 à l'Espace GO.

«Elle était ravie de faire du théâtre de création, se rappelle Alexis Martin. On cherchait une comédienne qui pourrait jouer le rôle de notre mère. C'est René Richard qui a pensé à elle. On cherchait un personnage de femme discrète, mystérieuse et jolie, comme l'était Monique.»

Cette pièce du Théâtre Petit à Petit a été l'une des dernières pièces de Monique Joly, qui a fait quelques apparitions dans des séries télé jusqu'en 2002. Elle devait faire un retour au théâtre en 2009 dans la pièce L'effet des rayons gamma sur les vieux garçons qu'a mise en scène René Richard Cyr au Rideau Vert, mais des maux de dos l'ont forcée à déclarer forfait.

Les premiers souvenirs de René Richard Cyr sont ceux qu'il a gardés comme spectateur. «Elle a joué dans les premières pièces de Tremblay et Brassard, dont En pièces détachées ou Bonjour là bonjour. Elle ressemblait beaucoup à son personnage de Chatonne [dans Grujot et Délicat] dans sa délicatesse, son humilité et sa chaleur.»

«Monique faisait partie de cette génération d'acteurs qui nous ont précédés et qui nous ont enseigné, ajoute Alexis Martin. C'était une femme très belle avec beaucoup de charme et de charisme. Elle faisait partie de ces comédiennes de la trempe d'Hélène Loiselle qui avaient beaucoup de profondeur et qui étaient capables de composer des rôles de femmes complexes.»

«C'était une femme d'une gentillesse rare, toujours très attentive aux autres et discrète, insiste René Richard Cyr. Ce qui ne l'a pas empêchée d'être une actrice brillante et audacieuse.»