Distribution réduite, «tentatives d'intimidation», agitation sur les réseaux sociaux: un film du réalisateur français Diastème qui raconte l'histoire d'un skinhead en voie de rédemption fait polémique avant même sa sortie, prévue le 10 juin en France.

La sortie initiale de Un Français envisagée dans une centaine de salles a été ramenée à soixante et le nombre d'avant-premières envisagées a également été revu à la baisse.

«Depuis plusieurs semaines, le film (...) fait l'objet sur les réseaux sociaux d'une spectaculaire campagne de haine attisée par des commentaires violents, agressifs, menaçants autour de sa bande-annonce», a déploré mardi le distributeur Mars Films dans un communiqué.

«Sur les 50 avant-premières proposées (...) huit villes ont décidé d'en faire une», écrivait mardi sur son blogue le réalisateur, qui signe son deuxième long métrage.

«J'ai raconté l'histoire d'un homme qui se débarrasse de la violence et de la haine en lui. C'est un film de paix. Un film de cinéma», se défend-il. «Et ce que je reçois, depuis quelques semaines, n'est que violence et haine (...) et ce n'est pas du cinéma...» déplore-t-il, craignant que le film soit «quasiment mort-né».

Inspiré de faits réels, Un Français raconte l'itinéraire sur une trentaine d'années d'un skinhead (interprété par Alban Lenoir) qui colle des affiches de l'extrême droite avec ses amis et s'amuse à frapper des Arabes et des Noirs. Peu à peu, il abandonne la haine qui l'habite, sous le regard ahuri de ses amis.

Contacté par l'AFP, le coproducteur du film, Philippe Lioret, se dit de son côté «atterré de voir que le film risque de sortir en catimini car les gens ont peur», ajoutant, ne pas comprendre pourquoi «l'exploitation est frileuse».

Une page Facebook, intitulée «Soutien pour la sortie du film Un Français dans les salles» rassemblait plus de 700 membres mercredi après-midi.

Le distributeur a confirmé la sortie du film le 10 juin ainsi que sa diffusion en avant-première «dans certaines salles», «malgré toutes les tentatives d'intimidation qui, finalement, en justifient la portée».