Le tribunal de Cracovie qui examine la demande d'extradition américaine visant le cinéaste franco-polonais Roman Polanski a annoncé vendredi avoir demandé à la justice américaine un complément d'information dans cette affaire, a indiqué à l'AFP l'avocat du réalisateur.

Roman Polanski était absent de l'audience de vendredi.

«Le juge a indiqué avoir demandé, le 8 mai, à la justice américaine des documents supplémentaires. La partie américaine a jusqu'au 8 août pour les fournir. Une nouvelle audience aura probablement lieu début septembre», a indiqué MJerzy Stachowicz.

À la demande de la défense, le tribunal a visionné vendredi le film documentaire Roman Polanski wanted and desired, sorti en 2008.

Le tribunal examine la demande d'extradition que les États-Unis avaient adressée à la Pologne en janvier, après une apparition publique de M. Polanski à Varsovie.

Le 25 février, lors de la première audience, le cinéaste franco-polonais de 81 ans avait fourni pendant neuf heures des explications, à huis clos.

En 1977, en Californie, Roman Polanski alors âgé de 43 ans avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, 13 ans.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable pour des «rapports sexuels illégaux» avec une mineure s'était enfui des États-Unis avant le prononcé du verdict, craignant d'être lourdement condamné.

Mais lorsque les États-Unis ont demandé son extradition à la Pologne, il a déclaré vouloir se soumettre à la procédure judiciaire.

La ligne de défense de ses avocats polonais consiste à démontrer que la demande d'extradition n'est pas fondée, compte tenu de l'accord passé à l'époque entre le cinéaste et la justice américaine.

Aux termes de cet accord, accepté par le procureur et les avocats de la victime, disent-ils, la peine prévue a été purgée par leur client.

Aucune mesure préventive n'a été prise en Pologne contre M. Polanski, citoyen polonais et français, qui reste entièrement libre de se déplacer.

Son extradition «reste possible», selon le parquet polonais, car la prescription, dont son acte - relations sexuelles avec une mineure - bénéficie en Pologne, ne s'applique pas en cas de requête des États-Unis, en vertu d'un accord de coopération judiciaire entre les deux pays.

En Pologne, c'est d'abord un tribunal qui statue sur une demande d'extradition. S'il la refuse, l'affaire est close. S'il l'approuve, la décision finale appartient au ministre de la Justice.

Le réalisateur des films The Fearless Vampire Killers, Rosemary's Baby, Chinatown, The Tenant ou encore Tess travaille actuellement sur un film inspiré par l'Affaire Dreyfus, dont une partie doit être tournée en Pologne.