Le comédien français Thierry Lhermitte est en tournage à Montréal pour La nouvelle vie de Paul Sneijder, l'adaptation cinématographique d'un roman de Jean-Paul Dubois, réalisée par Thomas Vincent.

De magnifiques chiens et leurs maîtres se promenaient hier dans l'une des salles du Palais des congrès. Une exposition canine? Non. Il s'agissait en fait de figurants pour le tournage de La nouvelle vie de Paul Sneijder, qui se poursuit à Montréal jusqu'au 16 avril. Car dans cette histoire tragique aux accents comiques, le personnage principal, incarné par le comédien Thierry Lhermitte, largue son gros boulot pour devenir promeneur de chiens, après la mort absurde de sa fille dans un accident d'ascenseur où lui-même a été épargné. Sa femme le trompe, ses autres enfants le méprisent, il est claustrophobe, bref, ça va mal, mais il va se reprendre en mains de façon plutôt originale...

C'est cette «remontée» qui a plu à Thierry Lhermitte quand il a accepté le rôle. «Pour cette manière étrange qu'il a de se reconstruire, explique-t-il. Il part du fond du trou, hein! Et c'est l'adaptation d'un livre d'un auteur que j'aime beaucoup, qui raconte des histoires assez intenses sur un ton décalé qui me plaît bien.»

C'est aussi ce qui a intéressé le cinéaste français Thomas Vincent (Karnaval, Le nouveau protocole), qui a adapté le roman de Dubois, Le cas Sneijder, en le coscénarisant avec son épouse, Yaël Cojot-Goldberg. «J'aime beaucoup les romans de Dubois, dit-il. Sa façon de traiter les événements très graves avec ce décalage à la Woody Allen me plaît énormément, me fait rire et me touche en même temps. Avec cette élégance comique qui fait qu'on peut discuter de tout et traiter de tout avec légèreté, je trouve ça assez magique.»

Lhermitte, d'égal à égal



Ce décalage est creusé aussi par cette particularité qu'a Jean-Paul Dubois de camper son personnage français dans la société québécoise. Le comédien Guillaume Cyr, qui incarne le propriétaire d'un «business de promeneurs de chiens», donne la réplique à Lhermitte. «Quand j'ai su que j'avais le rôle, la première affaire qui m'est venue en tête c'est «Oh, je vais tourner avec Thierry Lhermitte, un monstre du cinéma français», se souvient-il. J'ai tellement vu Le dîner de cons, Les Bronzés, Le père Noël est une ordure! Mais j'ai découvert un gars humble, modeste, sympathique. Il arrive sur le plateau et il connaît le nom de tous les techniciens. Il est vraiment chill et tout de suite, il a créé une relation d'égal à égal.»

D'ailleurs, Thierry Lhermitte nous apprend que son fils habite au Québec, et qu'il se trouve ainsi en terrain connu, tout en admettant qu'il y fait «frette». Mais, justement, l'hiver tient un rôle dans ce film. «C'est l'histoire d'un type qui traverse une épreuve épouvantable au milieu d'un monde qu'il ne comprend absolument pas, précise Thomas Vincent. L'hiver est un élément très intéressant du projet. Quand l'histoire commence, le personnage est dans un état de glaciation intime, puis, petit à petit, il se dégèle et revient à la vie, de la même manière que le paysage autour de lui revient à la vie.»

À peu près tous les cinéphiles québécois pourront se retrouver dans cette renaissance printanière, disons. C'est ce que croit la productrice Valérie d'Auteuil, de Caramel Film (la même maison qui nous offrira cet automne l'adaptation de la bédé Paul à Québec), qui voit beaucoup plus loin pour la carrière du film. «On est convaincu que ce film peut avoir une grande portée au Québec, mais les gens de partout peuvent se reconnaître dans le drame de Paul Sneijder. Je crois que le niveau d'humour aussi va aller chercher beaucoup de gens.»

La nouvelle vie de Paul Sneijder est une coproduction franco-canadienne de Caramel Film et Cine Nomine. Le film met en vedette, outre Thierry Lhermitte, Géraldine Pailhas, Pierre Curzi, Guillaume Cyr, Hugo Dubé et Alexa-Jeanne Dubé, et devrait prendre l'affiche en 2016.