Une réalisatrice saoudienne a remporté le palmier d'or du meilleur film lors du festival de cinéma qui s'est terminé mardi en Arabie saoudite, royaume ultraconservateur où les salles de cinéma sont interdites, a indiqué mercredi le président du jury.

Hana al-Omair a été récompensée pour son film La plainte, a précisé Abdallah al-Eyaf après ce festival au cours duquel plus de 60 films ont été projetés pendant cinq jours à Dammam (est), dans la salle d'une association culturelle régionale.

Ce film raconte l'histoire d'une employée d'hôpital qui se plaint auprès d'une collègue de tout ce qui va mal dans sa vie.

Une autre réalisatrice, Shahad Amin, a remporté le deuxième prix pour son film allégorique Oeil et sirène sur l'histoire d'une fillette qui découvre que son père a torturé une sirène pour en extraire des perles noires.

Avec la Fourmi d'Adam, le réalisateur Mohanna Abdallah a remporté le troisième prix, en décrivant dans une cellule de prison un détenu tentant de devenir l'ami d'une fourmi.

Ce festival est une exception en Arabie saoudite, un pays qui pratique une version austère de l'islam sunnite n'autorisant ni loisirs ni salles de cinéma. Il s'agissait de sa deuxième édition en sept ans.

Le royaume saoudien est le seul pays du monde qui interdit aux femmes de conduire. Le fait que des femmes se soient mêlées à des hommes pendant le festival a engendré des protestations de milieux conservateurs sur les réseaux sociaux.

Les organisateurs disent toutefois espérer voir leur manifestation stimuler le cinéma en Arabie saoudite, en dépit des critiques des conservateurs qui estiment que le septième art véhicule des valeurs occidentales.

Le premier prix de la catégorie documentaire est allé au Grand mariage de Fayçal al-Otaibi sur des noces de deux semaines aux Comores.

Dans la catégorie étudiants en cinéma, le prix est revenu à un film de Mohammed al-Faraj, intitulé Perdu, sur les conditions des apatrides en Arabie saoudite.

M. Eyaf, lui-même un cinéaste, a estimé que l'Arabie saoudite est sortie gagnante de ce festival qui a «révélé tant de talents».