Près de quatre ans après avoir acquis les trois salles du complexe Excentris, le cinéma Parallèle n'arrive pas à autofinancer ses opérations. L'organisme mise sur la vidéo en ligne pour stabiliser son budget et tente ces jours-ci de convaincre Québec de lui octroyer un financement stable et récurrent.

La directrice générale, Hélène Blanchet, est optimiste. Elle espère que la location de films sur l'internet, offerte depuis un an en partenariat avec l'Office national du film (ONF), lui permettra de rentabiliser ses activités. « On met beaucoup d'énergie à développer ce modèle. 2015 est l'année où on va prendre notre envol », promet-elle.

Et il le faut, car il reste peu de temps au cinéma Parallèle avant de devoir payer les intérêts d'un emprunt de 4 millions qu'il a contracté en 2011 auprès de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour acheter les salles. Depuis, c'est le ministère de la Culture et des Communications qui paie les intérêts, une somme d'environ 200 000 $ par an. L'entente prend fin en 2016.

« On devait initialement construire deux nouvelles salles. C'est ce qui avait été annoncé et c'est pourquoi notre plan d'affaires fonctionnait. Or, en 2012, la fréquentation a changé radicalement pour toutes les salles de cinéma. On a donc changé nos plans pour miser sur le numérique et engranger de nouveaux revenus », explique Mme Blanchet.

Chaque année, la directrice de l'organisme, qui célèbre le cinéma d'auteur, prend son bâton de pèlerin et part à la chasse aux subventions. Sur un chiffre d'affaires d'environ 3 millions, explique-t-elle, 50 % des recettes viennent de la billetterie, 25 %, des locations de salles et des événements d'entreprises, 10 %, du comptoir alimentaire, 10 %, des fonds publics et 5 %, des collectes de fonds.

« On réussit toujours à aller chercher des sous, mais nous n'avons pas de subvention récurrente du ministère de la Culture. C'est ce qu'il nous faut, et nous discutons présentement de l'enjeu avec les gens du Ministère », affirme Mme Blanchet.

RÊVE OU PROJET LOUABLE ?

Même dans l'éventualité où ses subventions se stabiliseraient, l'Excentris devra accroître ses revenus afin de prendre en charge les intérêts de son emprunt, voire le rembourser. C'est ainsi qu'est née l'idée du cinéma en ligne, où l'on offre aux consommateurs de payer environ 10 $ pour visionner une primeur diffusée en salle et 5 $ pour regarder un film de catalogue.

Le président-directeur général du cinéma Beaubien et du cinéma du Parc, Mario Fortin, doute toutefois du succès de cette stratégie.

« Je ne sais pas combien d'argent ils font avec ça, mais, avec les bribes d'information qu'on peut avoir, on est très loin d'accoter ce qui se fait en salle. Le public, lorsqu'il est à la maison, ne regarde pas nécessairement du cinéma. »

- Mario Fortin, président-directeur général du cinéma Beaubien et du cinéma du Parc

André Habib, professeur en études cinématographiques à l'Université de Montréal et membre de l'Observatoire du cinéma du Québec, croit pour sa part que la stratégie de l'Excentris est louable.

« On ne pourra pas dire qu'ils n'ont pas tout essayé ! C'est un produit complémentaire à la salle. Cela peut d'ailleurs ramener des gens à fréquenter l'endroit en plaçant sa programmation sur la carte », dit-il.