Le parquet de Cracovie a annoncé mardi avoir demandé à un tribunal de se prononcer sur la demande d'extradition du cinéaste franco-polonais Roman Polanski, adressée à la Pologne par les États-Unis dans une affaire de moeurs datant de 1977.

Le parquet «a saisi aujourd'hui le tribunal régional de Cracovie d'une demande de statuer sur l'admissibilité de l'extradition aux États-Unis» de M. Polanski, selon le communiqué.

Le parquet a confirmé que de son point de vue l'extradition d'un citoyen polonais vers les États-Unis restait formellement possible, en vertu d'un accord bilatéral entre les deux pays, et cela malgré la prescription dont son acte - relations sexuelles avec une mineure - bénéficie en Pologne.

«Le parquet formule sa position du point de vue formel» sans se prononcer sur «d'autres circonstances» de la demande d'extradition, a-t-il précisé.

Selon la loi polonaise, c'est un tribunal indépendant qui statue sur une demande d'extradition. S'il la refuse, l'affaire est close. S'il l'approuve, la décision finale appartient au ministre de la Justice.

«Il s'agit de la procédure habituelle en la matière, sans que l'extradition de M. Roman Polanski ait été requise», a réagi son avocat français Me Hervé Temime. «M. Polanski est libre de ses mouvements et participera pleinement à la procédure en cours à Cracovie», a-t-il ajouté.

M. Polanski a été interrogé la semaine dernière par le parquet de Cracovie.

Le cinéaste, âgé de 81 ans, a indiqué à une télévision privée qu'il faisait confiance à la justice polonaise et assuré vouloir se soumettre à la procédure.

Roman Polanski a par ailleurs confirmé qu'il préparait un film sur l'Affaire Dreyfus, dont une partie allait être tournée en Pologne.

En 1977, en Californie, le réalisateur alors âgé de 43 ans avait été poursuivi pour avoir violé la jeune Samantha Geimer, âgée de 13 ans.

Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de «rapports sexuels illégaux» s'était enfui des États-Unis avant le prononcé du verdict, craignant d'être lourdement condamné.

En 2009, toujours à la demande de la justice américaine, il avait été arrêté à Zurich, puis assigné à résidence en Suisse pendant quelques mois, mais il n'a pas été extradé.