La fresque biblique de Ridley Scott Exodus: Gods and Kings sur la fuite de Moïse hors d'Égypte ne sera pas projetée dans les cinémas aux Émirats arabes unis «en raison d'erreurs religieuses et historiques», ont déclaré mardi les autorités.

Des décisions similaires ont été annoncées ces derniers jours au Maroc et en Égypte.

«Nous avons des réserves sur le film parce qu'il contient des erreurs religieuses et historiques», a affirmé à l'AFP Juma Obaid al-Leem, directeur au National Media Council, autorité chargée d'approuver la sortie des films aux Émirats.

«Le film montre que Moïse n'est pas un prophète, mais seulement un prédicateur de la paix», a dit ce responsable émirati, ajoutant que l'histoire racontée dans ce long métrage contredit celle de la Bible.

En outre, le film, dans lequel Christian Bale joue le rôle de Moïse défiant le pharaon Ramsès, ne sera pas diffusé aux Émirats parce qu'il «personnifie des prophètes et Dieu», a encore expliqué M. Leem.

«Nous ne permettons pas la distorsion des religions (...) Lorsqu'il s'agit de films religieux ou historiques, nous faisons attention au récit qui doit être correct et prenons soin de ne pas heurter les sentiments des autres», a souligné M. Leem.

Il a cependant insisté sur le fait que, selon lui, la censure aux Émirats n'était pas sévère et que de nombreux films étrangers étaient autorisés. «C'est normal si nous exprimons des réserves concernant un film sur 1000».

L'État des Émirats arabes unis est un pays musulman, mais près de 90% des 8,5 millions d'habitants sont des étrangers, en grande majorité non-musulmans.

Exodus: Gods and Kings, qui a coûté 140 millions de dollars, en a rapporté 24,1 millions pour son premier week-end d'exploitation à la mi-décembre aux États-Unis, selon des chiffres d'Exhibitor Relations.

Le directeur du centre cinématographique marocain a indiqué mardi au magazine TelQuel que l'interdiction du film relevait de questions de sécurité. «Vous avez vu ce qui s'est passé en Tunisie suite à la diffusion de Persépolis. Le tourisme tunisien en souffre jusqu'à aujourd'hui», a justifié Sarim Fassi-Fihri, en référence aux violences d'islamistes radicaux déclenchées par la diffusion en octobre 2012 du film franco-iranien par la chaîne tunisienne privée Nessma TV.

Vendredi, le ministre égyptien de la Culture avait justifié l'interdiction en affirmant que le film de Ridley Scott «falsifiait» l'Histoire. Le lendemain, la distributrice du film au Maroc avait annoncé une déprogrammation en expliquant que la fresque biblique «représentait Dieu».