Selma, portrait vibrant du héros des droits civiques Martin Luther King, avec Oprah Winfrey et l'étoile montante David Oyelowo, a triomphé lors de sa première mondiale à Los Angeles et les critiques lui prédisent une brassée de prix.

Le film réalisé par Ava DuVernay a été ovationné et les premières critiques étaient dithyrambiques.

Selon le site Variety, la bible du secteur du cinéma, il est destiné à «récolter de l'or au box-office et pendant la saison» des prix du cinéma, les Oscars en particulier.

Selma, un des rares films jamais tournés sur l'apôtre de la non-violence, se focalise sur une courte période de la vie de «Dr King», après la victoire du Civil Rights Act de 1964, la loi qui a aboli la ségrégation dans le sud des États-Unis.

Le long métrage, qui sort le 9 janvier aux États-Unis et dans la foulée en Europe, s'ouvre sur l'attentat à la bombe raciste dans une église de Birmingham, en Alabama, qui a tué quatre fillettes noires.

L'action se dirige sur Selma, autre ville de cet État du sud américain, berceau de la bataille pour les droits civiques.

Oprah Winfrey incarne Annie Lee Cooper, une infirmière modeste et digne qui tente de s'inscrire au registre des électeurs et se voit humiliée et empêchée de le faire par un employé de mairie.

«MLK», déjà auréolé de son prix Nobel de la paix (1964), conscient des problèmes persistants pour voter dans le sud, se dirige vers Selma pour mener des manifestations et une célèbre marche vers la capitale de l'Alabama, Montgomery.

Traqué par les services secrets

La répression violente de cette marche par la police lors du Bloody Sunday, le 7 mars 1965, scandalisera l'Amérique et déclenchera un mouvement national amenant le président Lyndon Johnson à proclamer le Voting Rights Act (1965).

Coproduit par Pathé, Oprah Winfrey et la maison de production de Brad Pitt (Plan B), le film met en scène David Oyelowo (à l'affiche d'Interstellar) en Martin Luther King déterminé, charismatique et humain.

La traque des services secrets américains qui veulent sa perte, écoutent chacune de ses conversations et le suivent pas à pas, est habilement retracée, ainsi que la tentative de le déstabiliser à travers sa femme.

Coretta King a en effet été harcelée par le FBI de menaces racistes anonymes et de cassettes enregistrant les ébats supposés de son mari pasteur avec d'autres femmes.

Les doutes de King, les dissensions avec d'autres leaders, comme Malcolm X ou des étudiants militants de Selma, sont également mis en scène.

«David (Oyelowo) est celui qui m'a convaincue de participer au projet. Nous sommes très vite devenus amis sur le tournage du Butler», a raconté Oprah Winfrey devant le public de l'AFI Festival, qui s'est achevé jeudi à Los Angeles.

Le comédien britannique d'origine nigériane dit avoir rêvé en 2007 qu'il incarnerait un jour Martin Luther King.

La réalisatrice Ava DuVernay a souligné que le tournage, qui a eu lieu en grande partie à Selma même, a eu une résonance forte auprès des habitants de cette petite ville: «tout le monde connaissait Annie Lee Cooper là-bas».

Elle raconte qu'il lui a parfois fallu convaincre les dizaines de figurants blancs de feindre la haine des noirs de beaucoup d'habitants de l'époque. «Je leur ai dit que ça participait à un travail important de montrer cette rage, cette haine, et qu'il fallait crier ces insultes».

Le rappeur américain Common, qui joue dans le film, a pour sa part souligné que lorsqu'il composait un titre de la bande-originale, il lui suffisait «d'allumer la télévision et regarder ce qui se passait à Ferguson», ville du Missouri secouée de troubles raciaux après le meurtre d'un jeune noir par un policier blanc en août dernier, pour se sentir connecté au Selma de 1965 comme si c'était hier.