Après le carton de la sortie sur internet du film d'Abel Ferrara Welcome to New York, inspiré de l'affaire DSK, le distributeur français Wild Bunch va multiplier les sorties 100% digitales, qui sont «l'avenir de l'entertainement», a indiqué vendredi l'un de ses fondateurs Vincent Maraval.

Le groupe, implanté en Allemagne, Italie et Espagne, va créer une filiale de distribution digitale européenne, sur le modèle de la société américaine Radius ou IFC, a-t-il précisé à l'AFP, confirmant une information des Echos.

Il compte acquérir quatre ou cinq films américains à l'American Film Market qui débute le 5 novembre, pour une diffusion 100% digitale en Europe. Le point d'équilibre sera atteint entre 10 000 et 50 000 achats, selon les films.

Wild Bunch a testé ce mode de distribution d'abord au sein de Speed Bunch, une expérience soutenue par la Commission européenne, puis avec Welcome to New York, qui a été visionné près de 200 000 fois pour 7 euros pièce (10 $).

C'est environ dix fois plus que les entrées en salle des derniers films de Ferrara, et ce succès a rapporté à Wild Bunch l'équivalent de 400 000 entrées en salle, a-t-il expliqué.

Wild Bunch souhaite surtout sortir des films simultanément en VOD et en salle, un système déjà répandu aux États-unis et en Asie, mais pour l'instant interdit en France où la «chronologie des médias» impose quatre mois d'écart entre la sortie en salle et la VOD.

Mais si un film ne sort pas en salle en France, la sortie directement en VOD est possible. Netflix propose déjà à ses abonnés en France plusieurs films américains non prévus en salle, comme St. Vincent, le film de Theodore Melfi avec Bill Murray.

«Maintenant aux États-Unis, la moitié des films indépendants sortent simultanément en salle et en VOD», a expliqué Vincent Maraval, «et ce mode de diffusion est déjà répandu en Chine ou en Corée du Sud». Le film coréen The Snowpiercer a ainsi généré 7 millions $ de recettes en VOD en plus de 5 millions en salle, avec une sortie simultanée.

«C'est un marché déjà énorme, qui va dépasser les marchés traditionnels, mais qui n'est pas du tout développé en France et en Europe. Mais la législation devra évoluer, car elle est intenable», a-t-il estimé.