Pour Atom Egoyan, les critiques désastreuses reçues à Cannes pour son dernier film The Captive (La captive) représentent «son pire cauchemar».

Le long métrage met en vedette Ryan Reynolds et Mireille Enos dans la peau de parents dont la fille est portée disparue. Le film a été présenté en première mondiale au Festival de Cannes, plus tôt cette année, et a été accueilli par une chorale de huées. Le Hollywood Reporter l'a qualifié de «grotesque» tandis que le Guardian a accusé Egoyan de cacher un sujet sérieux sous «ses propres fantasmes indulgents, naïfs et exploiteurs».

Cette vague de critiques négatives a choqué le réalisateur canadien, qui a déclaré lors d'une récente entrevue qu'il espérait que le grand public appréciera son film lorsqu'il prendra l'affiche, vendredi.

«J'ai été abasourdi par (ces critiques), a admis le cinéaste. Plusieurs des critiques étaient vraiment cruelles. Je ne comprends pas comment on peut parler d'exploitation parce que j'ai fait beaucoup d'efforts pour éviter l'exploitation... C'était une réaction plutôt extrême.»

Egoyan ajoute qu'il est reconnaissant envers les journalistes qui ont publié des critiques positives, dont Robbie Collin du Telegraph, qui a parlé d'un «thriller d'enlèvement dont la tension fait frissonner, mi-opaque et d'un froid glacial comme la surface d'un lac gelé».

«S'il y avait eu une absence totale de critiques intelligentes, j'aurais été consterné, a-t-il confié. Je n'étais pas à la projection de presse, donc je ne sais pas ce qui s'est passé ce matin-là, mais la projection en soirée a été un grand succès. Nous avons eu une ovation debout. Mais le matin a évidemment ressemblé à mon pire cauchemar.»

Atom Egoyan a choisi de raconter l'histoire de The Captive à travers trois couples: les parents (Reynolds et Enos), les détectives (Rosario Dawson et Scott Speedman) et le ravisseur et sa victime (Kevin Durand et Alexia Fast). Le réalisateur s'est associé à l'auteur de romans policiers David Fraser pour le scénario et a rencontré des enquêteurs spécialisés dans les enlèvements d'enfants à Waterloo, en Ontario.

«Ce qu'ils font est vraiment difficile, a-t-il raconté. Voir une victime vieillir, la voir et ne pas savoir où cette pièce est située, où est cette maison, puis voir cette personne grandir et disparaître de l'Internet. À quel point cela peut-il être douloureux?»

Contrairement à la majorité des thrillers d'enlèvement, The Captive n'est pas une course contre la montre pour trouver le ravisseur et sauver sa victime. Le film commence plutôt huit ans après la disparition de Cassandra et la montre, adolescente, vivant toujours avec son ravisseur et forcée d'attirer d'autres enfants dans le mystérieux réseau qu'il exploite.

Le film résout le mystère de son enlèvement avec des retours en arrière, sans toujours offrir au public des indices quant à l'endroit où l'action se situe dans le temps.

«Je sentais que je devais survoler ces huit ans pour montrer que ces gens vivent à la fois dans le passé et dans le présent, a expliqué le cinéaste. Je ne crois pas qu'il y ait d'autres films comme celui-là, qui se déroule sur huit ans et l'on sait que l'enfant a grandi. Il n'y a pas de sentiment d'urgence. Le sentiment d'urgence n'est pas lié à l'intrigue, il est lié aux personnages.»