C'est le genre de nouvelle que vous voyez passer une première fois à la vitesse de l'éclair sur votre fil Twitter: «Robin Williams est mort, apparemment d'un suicide». Vous restez incrédule un moment. Puis, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre, reprise ensuite par tous les médias.

Les images se bousculent alors dans la tête. Chacun y va de son meilleur souvenir et du titre qui lui tient le plus à coeur à l'aide d'un mot-clic. Certains citent Dead Poets Society, d'autres Mrs. Doubtfire. On ramènera aussi à notre mémoire Good Morning Vietnam, The Fisher King, Good Will Hunting, tout autant que Mork & Mindy, la série télé qui a lancé Robin Williams dans les années 70, ou les spectacles sur scène captés pour la postérité (Live on Broadway).

> Nos photos

> Réagissez sur le blogue de Marc-André Lussier

L'émotion est d'autant plus vive que la cause de la mort a immédiatement été annoncée. On a ainsi révélé au monde un degré de souffrance que bien peu de gens pouvaient soupçonner.

On savait Williams aux prises avec ses démons bien sûr, comme le sont d'ailleurs bien des humoristes et acteurs qui travaillent sans filet en repoussant toujours plus loin leurs limites.

Mais ils n'en meurent pas pour autant. Du moins, pas tous. Pourquoi lui? Pourquoi maintenant? Pourquoi partir alors que la planète n'a jamais eu autant besoin d'un regard aussi génialement fantaisiste?

La bipolarité de Robin Williams était notoire. Ses excès d'alcool étaient aussi connus. Mais l'annonce d'une mort par suicide comporte toujours un aspect plus choquant.

Sentant bien l'émoi créé par cette disparition aussi subite que tragique, l'amoureuse de l'acteur, Susan Schneider, a rendu publique une déclaration dans laquelle elle exprime son profond chagrin. Elle a par ailleurs aussi lancé un appel.

«Je souhaite que l'accent ne soit pas mis sur les circonstances de la mort de Robin, mais plutôt sur les innombrables moments de joie et de rire qu'il a donnés à des millions de gens», a-t-elle écrit.

Un talent exceptionnel

Visiblement, Robin Williams a marqué des générations de spectateurs et de cinéphiles.

Même si le cinéma n'est peut-être pas la meilleure discipline pour faire éclore un talent d'improvisateur exceptionnel comme le sien, il reste qu'on a trouvé le moyen d'adapter le médium à l'acteur.

À cet égard, le plus bel exemple demeure celui du dessin animé Aladdin. Les bonzes de Disney ont eu la merveilleuse idée à l'époque de faire appel à Robin Williams pour le rôle du Génie et de le lâcher complètement «lousse». Résultat: 16 heures d'improvisations au compteur. Le personnage fut ensuite dessiné autour de ses envolées.

Williams était alors au faîte de sa gloire. Reconnu comme humoriste (chaque passage à la télé constituait un événement), l'acteur a aussi eu rapidement l'occasion d'explorer ses talents du côté dramatique.

Après avoir incarné Popeye pour Robert Altman (dans le film du même titre), Williams se glisse dans la peau de Garp, l'un des plus célèbres personnages de John Irving (The World According to Garp, en 1981). Peter Weir l'impose ensuite véritablement en tant qu'acteur dramatique grâce à Dead Poets Society, véritable film phénomène qui, en 1989, a mis en valeur la poésie auprès de toute une génération de nouveaux adeptes.

Sensible, vulnérable, profondément humain, Robin Williams aura été au cinéma cet électron libre qui enrichissait chaque rôle de sa personnalité d'exception. Et s'il n'a malheureusement pu trouver un Patch Adams pour lui-même, on ne peut que lui exprimer reconnaissance et gratitude.

Pendant plus de 30 ans, l'homme a parsemé nos vies de moments qui resteront en nos mémoires comme autant de précieux souvenirs.