Il y a deux constantes dans la carrière de Dane DeHaan: les personnages torturés et les films indépendants. Et soudain, il devient Harry Osborn/Green Goblin dans The Amazing Spider-Man 2. Les tourments sont toujours au rendez-vous, mais à une autre échelle budgétaire. Une entrée dans le monde des superproductions qui est loin d'être allée de soi.

Dane DeHaan joue dans la cour des grands depuis quatre ans, grâce à sa formidable performance dans la série In Treatment. Le jeune homme natif de Pennsylvanie, qui a maintenant 28 ans, a alors emménagé à Los Angeles. Où, avec sa physionomie différente, sa minceur, sa pâleur, son immense regard bleu-gris, il a trouvé sa place dans le cinéma indépendant. À tel point qu'il est aujourd'hui comparé à «un jeune Leonardo DiCaprio». On a pu le voir en garçon maltraité que la (mal) chance transforme en (super) héros dans Chronicle, en victime ou tueur d'un prédateur sexuel dans Kill Your Darlings, en roadie en mission (im) possible dans Metallica Through the Never.

Un parcours dans l'ombre (des superproductions), mais sans faute.

Son entrée dans la cour des gros (canons), elle, vient d'avoir lieu. Et a exigé de lui bien des efforts. Il rêvait en effet d'incarner Harry Osborn/Green Goblin aux côtés d'Andrew Garfield en Peter Parker/Spider-Man. «Mais je ne parvenais même pas à obtenir une audition», a-t-il indiqué lors de l'entrevue qu'il a accordée à La Presse dans un hôtel de New York, en marge de la sortie du film The Amazing Spider-Man 2 de Marc Webb.

«Puis un jour, j'ai participé à une lecture de pièce de théâtre avec Andrew. Ça a cliqué entre nous et, deux semaines après, on m'a convoqué pour une audition, poursuit-il. Je ne peux pas voir là une coïncidence.» Vérification faite, ce n'en est pas une.

Bientôt, l'acteur obtenait le rôle tant convoité et a pu officiellement annoncer la nouvelle aux siens. À son père, en particulier. «C'est un geek, un vrai. Il collectionne les figurines de Star Wars et fait partie d'un club de comic books!» Un «état» héréditaire ou contagieux: si l'allure et le parcours de Dane DeHaan le placent du côté des cérébraux, il est également toujours le gamin de 6 ans qui dormait en pyjama de Spider-Man, qui a dévoré la trilogie de Sam Raimi sortie avant qu'il ait 10 ans et qui révérait les Tortues ninjas.

Ce gamin-là aime encore consommer des superproductions- «C'est mon plaisir coupable» - et a adoré le terrain de jeu plus grand que nature que cette nouvelle aventure cinématographique lui a permis d'explorer.

Le facteur temps

«La grande différence avec ce que j'ai fait avant, c'est le temps. Nous avons tourné Kill Your Darlings en 24 jours et Spider-Man en 3 mois. Nous pouvions essayer des choses et quand la journée était terminée, nous avions tourné la scène de toutes les façons possibles et nous savions que la bonne était quelque part en boîte», raconte-t-il.

Il dit cela en souriant largement, paraissant soudain très jeune et, surtout, beaucoup plus serein que ses alter ego cinématographiques: «Un professeur de théâtre m'a dit: «Garde le mauvais garçon pour la scène.» De toute façon, je suis vraiment moins intéressant que mes personnages. C'est que je veux grandir en tant qu'acteur et pour cela, je cherche à jouer des gens dont l'arc dramatique me met au défi.»

C'est le cas ici, dans The Amazing Spider-Man, où la personnalité d'Harry Osborn change du tout au tout au fil des découvertes et des «trahisons». Ça l'était dans Kill Your Darlings, drame biographique où il incarnait le poète déchu Julian Carr face à l'homme - son amant ou son bourreau - qu'il a tué. Et ce sera le cas dans Life, biographie filmée où il se glissera dans la peau de James Dean.

«Paradoxalement, même si Harry Osborn est fictif et que James Dean a existé, ils ont plus en commun que Dean avec Lucian Carr - dont la plupart des gens ignorent tout - car le temps en a fait des icônes. Du coup, tout le monde a une idée préconçue à leur sujet. Et souvent, cette idée n'est pas la bonne. C'est ce que j'ai découvert à travers mes recherches sur James Dean, qui a toujours été mon acteur préféré: au moins 75% de ce qu'on croit savoir sur lui est faux.

«Pour le jouer, pour incarner l'humain derrière l'icône, j'ai donc dû «tuer celui que j'aime»», conclut l'acteur en faisant référence à la citation de William Faulkner qui sert de titre à Kill Your Darlings. Bouclant ainsi la boucle d'une manière qui lui ressemble. Avec classe.

The Amazing Spider-Man 2 (L'extraordinaire Spider-Man 2) prend l'affiche aujourd'hui.

Les frais de voyage ont été payés par Sony Pictures.