Le chapeau de Rabbi Jacob, la perruque du légendaire chef d'orchestre hystérique de La grande vadrouille mais aussi les chères cannes à pêche du Louis de Funès privé ont pris leurs quartiers dans le musée qui vient d'ouvrir dans l'ancien château de l'acteur mort en 1983.

«C'est toute mon enfance, tous les moments de bonheur, tous les moments de rigolade», raconte, ému Olivier, un des premiers visiteurs au Cellier, dans l'ouest de la France. «On a tout le temps le coeur gai à la fin du film...».

Autour de lui se pressent les cheveux blancs, les trentenaires ou quadragénaires, et les petites mains timides de leurs enfants ou petits-enfants qui ouvrent doucement les meubles des années 60 dans lesquelles l'âme du musée, Roselyne Duringer, a glissé photos, objets privés et souvenirs de tournage.

Roselyne et son époux Charles ont fondé l'association du Musée de Louis et ouvert un premier musée en juillet 2013 dans un modeste deux pièces de la commune où 5000 personnes ont défilé en cinq mois. Puis ils ont réussi, à l'aide d'une souscription publique et d'emprunts, à louer l'orangerie du château de Clermont, ancienne demeure de l'acteur, devenue privée depuis.

En moins de deux heures, 30 billets sont vendus, sans compter les moins de 5 ans qui ne payent pas et les nombreux journalistes. La collection, largement enrichie depuis la première mouture du musée à l'aide de prêts de collectionneurs privés mais aussi des fils de l'acteur, Olivier et Patrick, a pris ses aises dans les 190 m2 de l'orangerie.

Le château de Clermont, acquis par l'acteur à la fin des années 60 pour son épouse qui en était partiellement héritière par sa famille, a été vendu peu de temps après sa mort en 1983 à 68 ans. Depuis lors, et jusqu'à l'ouverture du premier petit musée, les nombreux nostalgiques venus de toute la France et parfois du reste de l'Europe ou d'outre-Atlantique, ne trouvaient dans le village que sa tombe au cimetière, et les grilles fermées de son château.

«Ça fait plaisir de faire plaisir, nous voulons faire en sorte que la magie de Louis de Funès se poursuive», explique M. Duringer.

«Et c'était un très bon pêcheur»

Au fil des pièces, c'est un déluge de souvenirs, d'enfance ou de jeunesse, qui déferle sur les visiteurs... Le chapeau noir porté par Louis de Funès dans le film Rabbi Jacob mais aussi un grand bocal de gommes Le Yankee rondes et multicolores, tout droit sorties d'une autre scène d'anthologie de ce film... Les baguettes cassées par le chef d'orchestre dans La grande vadrouille, ainsi que l'un des casques allemands qui coiffent dans ce film Louis de Funès et son comparse Bourvil font remonter les souvenirs associés à ce film mythique...

Les photos de tournage montrent les fous-rire hors champ des deux complices.

Dans une autre vitrine, des pièces d'or jetées sur le costume rouge de Monsignore, évoquent le héros de La folie des grandeurs et la mythique scène d'Il est l'or, Monsignore, avec Yves Montand.

En fond musical, Do you, do you Saint-Tropez des Gendarmes ou la danse de Rabbi Jacob et, suspendues sur tous les murs, d'immenses affiches de la Traversée de Paris à Fantomas, tous les Gendarmes....

Au fond, une petite salle de projection diffuse des rushes de tournages inédits - comme une des scènes de L'aile ou la cuisse - ou les souvenirs, privés et touchants, de Pierre Brohan, le fils de Marie Brohan qui tenait l'auberge Beau rivage en contrebas du château, où l'acteur se réfugiait dès qu'il le pouvait pour déguster un brochet au beurre blanc et aller pêcher sur la Loire, loin de la foule et des fans.

«Et c'était un très bon pêcheur», assure, encore ému, Pierre Brohan, rencontré là-même où il préparait la barque de P'tit Louis, ainsi qu'on le surnommait au village.