Plusieurs années avant que le restaurateur d'oeuvres d'art qui a inspiré George Clooney pour son personnage de The Monuments Men (Les Monuments Men) ait risqué sa vie pour empêcher la destruction de toiles par des nazis, il a eu un impact important sur sa profession à Toronto.

Le Musée royal de l'Ontario souligne que ses corridors ont bénéficié des techniques du regretté George Stout, en 1933, pour la conservation et le montage de la murale Le paradis de Maitreya, que des moines ont récupéré dans un temple chinois qui avait été pillé.

La murale, qualifiée de l'«un des exemples les mieux préservés du genre», se trouve toujours dans la Galerie Mgr White d'art des temples chinois du musée.

The Monuments Men, qui prendra l'affiche vendredi, suit un groupe militaire formé de sept directeurs de musées, conservateurs et historiens de l'art alors qu'il tente de récupérer des chefs-d'oeuvre spoliés par des nazis en Allemagne.

Clooney a réalisé, scénarisé et coproduit le long métrage inspiré du livre The Monuments Men: Allied Heroes, Nazi Thieves and the Greatest Treasure Hunt in History de Robert M. Edsel.

Le personnage de Clooney, Frank Stokes, est inspiré de Stout, qui a fait partie des Monuments Men de 1944 à 1945.

Originaire de l'Iowa, George Stout a participé à la Première Guerre mondiale avant d'entamer sa carrière en restauration d'oeuvres d'art.

C'est à l'été 1933 que le directeur du Musée royal de l'Ontario, Charles Trick Currelly, lui a demandé de travailler sur Le paradis de Maitreya, qui avait été retiré de toute urgence d'un temple de la province du Shanxi, qui avait été envahie par l'armée.

L'oeuvre d'environ six mètres sur 12 mètres représente le Bouddha de l'Avenir trônant dans son paradis.

Stout, qui travaillait à l'Université Harvard à l'époque, supervisait la restauration et l'installation de la murale, qui était arrivée au musée environ cinq ans auparavant.

«Les (fragments) étaient arrivés au musée en plusieurs boîtes et la murale entière était défaite en environ 63 pièces», a raconté la restauratrice principale des peintures du musée, Heidi Sobol.

«Stout avait la responsabilité de les restaurer, parce que c'était des fragments et qu'ils tombaient en morceau (...), puis de les installer sur le mur.»

George Stout est demeuré à Toronto environ trois mois avec sa famille et deux étudiants de Harvard dont il avait demandé l'aide. Ils ont employé une nouvelle technique, «utilisant de nouveaux types d'adhésifs du XXe siècle», a expliqué Mme Sobol.

Mme Sobol a précisé qu'il s'agissait de la première collaboration de Stout avec le musée, et aussi de sa dernière, mais qu'il a continué de correspondre avec l'établissement, offrant ses conseils au sujet d'autres murales de la même galerie.

«L'un des premiers restaurateurs ici, William Todd, a dû installer les deux autres murales et il a utilisé les techniques de Stout pour installer les autres de la même façon», a souligné la restauratrice.

Elle a ajouté que Stout était «un homme gentil». «Ses écrits étaient très charmants et il était très doux, très compréhensif et très minutieux.»

Après la guerre en Europe, George Stout a dirigé le Worcester Art Museum et le Isabella Stewart Gardner Museum, dans le Massachusetts.

Il est mort en 1978 à Santa Clara, en Californie.