Tahar Rahim devait d'abord être la vedette d'un film qu'Asghar Farhadi était en train d'écrire. Le cinéaste iranien a toutefois abandonné l'idée en cours de route pour se consacrer à l'écriture du Passé. «J'étais dans une position très privilégiée, car j'ai pu voir l'histoire du Passé se mettre en place au fil des mois, révélait Tahar Rahim au cours d'un entretien accordé à La Presse lors du récent passage de l'acteur au festival Cinemania de Montréal.

«La force d'écriture d'Asghar est exceptionnelle. Comme le film n'était pas en farsi, il a demandé conseil à des scénaristes chevronnés, parmi lesquels Jean-Claude Carrière. J'étais évidemment très flatté qu'il veuille travailler avec moi. Il a voulu me rencontrer après avoir vu Un prophète et ça a cliqué entre nous. Quand on travaille avec un metteur en scène qui ne comprend pas notre langue, ça crée étrangement un lien intime encore plus fort. On se regarde dans les yeux et on se concentre sur nos propos pendant que l'interprète traduit. Et même s'il ne maîtrise pas la langue française, Asghar en comprend la musique d'une façon incroyable. Je crois même qu'il est un peu sorcier. Il pouvait détecter tout de suite si un mot n'était pas appuyé de la façon souhaitée.

«Et puis, poursuit-il, nous avons eu l'occasion de passer bien du temps ensemble. C'est un homme que j'ai plaisir à voir, avec qui j'aime discuter. J'ai beaucoup d'affection pour Asghar.»