Elle a 23 ans, a remporté un des deux Oscars pour lesquels elle était en nomination. Jennifer Lawrence est l'une des actrices les plus douées de sa génération. C'est aussi une jeune femme de coeur qui a le feu sacré et les pieds sur terre. Tête-à-tête sans fard ni jeux.

La journée tirait à sa fin. Jennifer Lawrence avait commencé en matinée le jeu de la promotion. Une conférence de presse, en compagnie d'une dizaine de ses covedettes de The Hunger Games: Catching Fire, du réalisateur Francis Lawrence et de la productrice Nina Jacobson. Et, depuis, des entrevues. Une moyenne de trois ou quatre par heure.

La journée tirait à sa fin. Elle avait troqué les vêtements chics et les talons hauts pour une tenue «confo», comme prête pour un cours de yoga. Elle prenait l'air sur le balcon de sa suite au Four Seasons de Beverly Hills. Étirait ses jambes interminables. Délassait ses épaules. Passait une main dans sa chevelure blonde et maintenant très courte.

La fatigue était visiblement en voie de gagner la partie. Elle souriait quand même. «You are sweet, don't worry», a-t-elle (r) assuré la journaliste de La Presse qui s'en voulait (presque) de faire ainsi durer la corvée. Puis, se pelotonnant dans un fauteuil, elle a attendu les questions. Les accueillant avec ouverture. Y répondant avec générosité.

«Quand j'ai signé pour le rôle de Katniss, je savais que je serais très heureuse de tourner le premier film. Mais j'étais sûre que je m'ennuierais pour les suivants», admet celle qui, entre les périodes de tournage de The Hunger Games et de Catching Fire, s'est abandonnée aux mains de David O. Russell - «Je l'adore, c'est mon genre de fou!» - pour Silver Linings Playbook, qui lui a valu l'Oscar de la meilleure actrice, et pour American Hustle, qui sortira à la mi-décembre.

Finalement, elle ne s'est pas ennuyée, pas une seconde, en revenant au monde de la Fille du feu qui, dans cette deuxième partie de la trilogie écrite par Suzanne Collins, retourne au sein de l'arène. En effet, ces 75es Jeux de la faim - dits «de l'Expiation» - seront différents: les Districts y enverront deux des leurs, un homme et une femme, mais, cette fois, choisis parmi ceux qui, au fil des ans, sont sortis vivants des Jeux.

Or, Katniss est la seule fille du District 12 à être sortie vivante de l'épreuve. Elle est donc «élue» d'office. Au grand plaisir du président Snow (Donald Sutherland), qui voit d'un mauvais oeil l'influence de la jeune femme sur le peuple de Panem. Pour qui elle est un symbole de rébellion. La révolte gronde en effet et le chef du gouvernement compte bien rétablir son pouvoir sur le pays grâce aux Jeux impitoyables fomentés par le nouveau Haut Juge, Plutarch Heavensbee (Philip Deymour Hoffman).

Pour l'amour du métier

Encore une fois, donc, et plus que jamais, Katniss se retrouve, sans l'avoir recherché, dans l'oeil public. Jennifer Lawrence peut s'identifier à cela. Complètement. Elle fait ce métier parce qu'elle l'aime profondément. Pas pour la gloire. «D'accord, signer une centaine d'affiches du film, ça me prend 10 minutes et ça permet d'amasser de l'argent pour une bonne cause? Ça, je suis pour! Des choses merveilleuses peuvent arriver quand vous avez une «voix». Mais jamais je ne me mets au boulot en me disant: «Oh, mon travail est très important et ce que je fais est essentiel pour les gens.» Je le fais parce que je l'aime.»

Cette visibilité est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles elle a hésité avant d'accepter d'incarner Katniss au grand écran. Jusque-là, elle tournait dans des films indépendants - comme l'extraordinaire Winter's Bone, qui l'a révélée et lui a valu sa première nomination aux Oscars. «C'est ce que je voulais faire pour le reste de ma vie.» Elle avait 20 ans quand on lui a proposé d'entrer par la grande porte dans le monde de The Hunger Games. Qu'elle aimait déjà grâce aux romans. «Il est très rare qu'une réponse puisse changer votre vie. C'était le cas ici. J'ai pensé que ça méritait trois jours de réflexion.»

Le reste est histoire. Elle s'est glissée dans la peau de la Fille du feu. Qu'elle réenfile ici avec bonheur. «J'ai senti la pression du succès du premier film jusqu'à ce que je lise le scénario de Catching Fire. Après la lecture, j'ai su que je serais heureuse et que ce serait une autre aventure excitante. L'histoire est riche et Katniss... Katniss est toujours Katniss, mais en même temps, elle n'est plus tout à fait la même.»

Du talent et de l'empathie

Bref, l'actrice ne retournait pas au personnage avec l'impression de chausser des pantoufles confortables, car déjà portées. Ce n'est pas le genre de Jennifer Lawrence, au sujet de laquelle les partenaires de jeu, des plus jeunes aux plus expérimentés, comme Donald Sutherland, ne tarissent pas d'éloges. Sa maturité, sa gentillesse, sa générosité. Son talent. Immense. Qu'elle-même ne «comprend» pas. «Je ne sais pas comment je fais. J'ai de l'empathie, peut-être? J'essaie de comprendre les émotions, de les ressentir vraiment.» Puis de les rendre. Avec une vérité qui vient des tripes et non de la théorie.

Car elle n'a jamais suivi de cours d'art dramatique. «Ça m'est tombé dessus pendant un spring break à New York, j'avais 14 ans, quelqu'un a pris ma photo et... c'est parti comme ça. J'ai reçu un scénario, je l'ai lu et c'était clair pour moi: je comprenais ça, je savais comment faire.» Pas mal pour une fille qui, ses deux frères aînés étant très forts à l'école et sur le terrain de sport, s'était toujours sentie comme une perdante. «Soudain, j'ai trouvé un truc à moi, où les gens me trouvaient bonne et où je me sentais bien!» Elle s'est alors embrasée. Du feu sacré.

The Hunger Games: Catching Fire (Hunger Games: L'embrasement) prend l'affiche le 22 novembre.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.

Les personnages dans l'arène du capitole

Katniss Everdeen

(District 12) 

«Les enjeux auxquels Katniss fait face sont différents cette fois. Dans le premier film, elle devenait une héroïne à son corps défendant. Elle ne désirait que sauver sa famille. À présent, une responsabilité plus lourde encore pèse sur ses épaules, car une multitude de gens, à travers tout Panem, la voit comme un symbole de rébellion. Elle va finir par accepter cela même si elle n'a jamais demandé ni cherché ce rôle. C'est ce message que j'aime, combien une seule voix peut faire une différence. Il est si facile, dans une société, de suivre les autres. Mais il est important que les jeunes sachent qu'ils peuvent faire la différence, aujourd'hui et pour leur avenir.»

- Jennifer Lawrence

Peeta Mellark

(District 12)  

«Peeta comprend, lors de la Tournée de la victoire, que, pendant les Jeux, Katniss a fait semblant d'être amoureuse de lui afin de survivre et de retourner auprès de sa famille - et de Gale. Mais lui a toujours été amoureux d'elle et le sera toujours. C'est ce qui rend leur relation si intéressante. Mais, bon, on le retrouve ici plus en colère, face à Katniss et face à la société dans laquelle ils vivent. Et c'est ce que j'aime de cette oeuvre, ce message aux jeunes qu'il est possible de s'élever contre certaines choses, de ne pas «écouter ces voix qui nous disent comment penser, nous habiller, nous comporter.»

- Josh Hutcherson

Finnick Odair  

(District 4)

«Finnick est talentueux et il a une confiance extrême en lui-même. Après tout, il a remporté les

65es Jeux à l'âge de 14 ans! Mais c'est aussi quelqu'un qui ne se livre pas facilement parce qu'il a toujours l'impression que des yeux sont posés sur lui. C'est un charmeur, toutes les filles sont à ses pieds... et c'est pour cela que Katniss, qui lui résiste, l'intrigue tellement. C'est sûr que ce rôle vient avec une pression: Finnick est décrit comme un genre de dieu, et il y a tellement de lectrices qui aiment passionnément ce personnage! Au début, ça a été difficile à vivre, car la réaction à mon casting a été assez négative, mais je pense maintenant avoir fait mes preuves.»

- Sam Claflin

Beetee 

(District 3)

«Beetee a remporté les Jeux dans le passé, pour ainsi dire avec son seul cerveau. Il affiche un mélange de verve et d'intelligence qui sied bien au génie de l'électronique qu'il est. Son moteur est son sentiment de méfiance contre l'idée même des Jeux et contre l'idée d'une société d'exclusion. Ça m'a plu. En fait, j'avais été imperméable au phénomène Hunger Games jusqu'à ce qu'on m'approche pour le rôle et quand j'ai lu les romans, j'ai découvert qu'il y a là-dedans des idées importantes présentées à des jeunes esprits encore en développement. Le résultat est un divertissement qui a de la pertinence. Ce mélange fait du sens pour moi.»

- Jeffrey Wright

Johanna Mason 

(District 7)

«J'aime chaque parcelle de Johanna. Elle est imprévisible, manipulatrice, elle n'a aucune inhibition... et c'est une formidable lanceuse de hache. Mais pour moi, son aspect le plus intéressant à explorer est son imprévisibilité. Vous êtes face à elle sans jamais savoir ce que vous allez trouver. Ce personnage est à l'image des romans - que j'ai dévorés en 48 heures parce que je venais de me faire enlever les dents de sagesse et j'étais coincée au lit: ils ne sont pas mielleux, enrobés de sucre. Johanna est ainsi. C'est fantastique que les jeunes aient accès à cela. Le succès des romans prouve qu'ils en avaient assez du mièvre qu'on leur a offert pendant un temps.»

- Jena Malone 

Coriolanus Snow

(président de Panem)

«Peu importe ce qu'il fait, ce personnage m'intrigue. J'ai de l'affection pour lui, car c'est un politicien doué. Il a parfois eu à tuer des gens, mais je suis fasciné par la précision avec laquelle il fonctionne. À ses yeux, Katniss est une menace et il aime ce qu'elle représente. Il adore cette partie d'échecs qu'il livre à cette créature exquise qui se bat pour sa liberté. Pour moi, il était essentiel de faire partie de cette aventure qui dénonce les dangers d'une oligarchie, et ce, plus clairement que tout ce que j'ai pu voir depuis longtemps.»

- Donald Sutherland

Effie Trinket

(hôtesse pour le District 12)

«La frivolité d'Effie en prend un coup ici. Les règles des Jeux et toutes les règles ont changé et pour une fois, elle ne parvient pas à voir le positif dans la nouvelle situation. Comme elle est maintenant proche de Katniss et de Peeta, elle comprend ce que vivent les habitants des Districts au moment du déclenchement des Jeux - des sentiments qu'elle n'avait jamais expérimentés en tant que citoyenne du Capitole. On découvre donc qu'il y a un coeur sous cet emballage glamour.»

- Elizabeth Banks

Cinna

(styliste de Katniss)

«Cinna prend ici de plus grands risques. Il demeure tranquille, plus encore même qu'avant, mais il est arrivé à une croisée des chemins. Il est prêt à se révéler, à annoncer ses couleurs de la manière dont il le fait le mieux, à travers ses créations - en particulier la robe de mariée de Katniss, qui se transforme en geai bleu, symbole de la révolte. Bien sûr, il va subir les conséquences de ce que le Capitole voit comme une trahison.»

- Lenny Kravitz