Mariam, un film syrien récompensé par deux festivals ces derniers mois, aurait pu ne jamais voir le jour à cause des dangers auxquels l'équipe a été confrontée lors du tournage, a expliqué son réalisateur à l'AFP.

Mariam, qui raconte l'histoire de trois femmes partageant ce prénom vivant chacune à une époque où la Syrie est en guerre, a remporté des prix lors de festivals à Oran en Algérie et à Dakhla, au Maroc.

Mais l'équipe du film a dû affronter au péril de sa vie la guerre qui ravage la Syrie actuellement pour réussir à finir le tournage, explique le réalisateur syro-palestinien Basil al-Khatib.

«Certaines scènes ont été tournées à des endroits très dangereux, près des combats», raconte-t-il, «nous partions tourner sans savoir si nous reviendrions en vie le soir».

Mais, en dépit des dangers, il voulait que le film se concentre sur la façon dont l'humanité peut triompher dans un conflit. Le film s'ouvre d'ailleurs sur un vers du père du réalisateur: «Nous avons tout perdu, mais il nous reste l'amour».

Les mots résonnent dans ce pays ravagé par les violences depuis plus de deux ans et demi, et où plus de 115 000 personnes sont mortes et des millions ont été déplacées.

Dans le film, «l'amour, la paix et le pardon triomphent», explique le réalisateur.

L'un de ses personnages affirme ainsi: «si la guerre fait ressortir le pire des Hommes, elle montre aussi le meilleur chez certains d'entre eux».

Ode à la femme syrienne

«Mariam résume la situation en Syrie, les souffrances, les blessures et la douleur que les femmes doivent supporter», ajoute M. al-Khatib. Le film montre l'impact que la guerre a sur ces trois Syriennes qui n'en perdent pas pour autant «leur capacité à aimer et à faire des sacrifices».

«C'est une ode à la femme syrienne», ajoute le réalisateur, dont le film est baptisé Mariam en hommage à la vierge Marie, qui, dans les textes religieux, enseigne l'amour et la bonté.

La première Mariam vit en 1918, juste avant la fin de la Première Guerre mondiale. «Cette époque est une clef pour comprendre notre histoire. L'avenir du pays était incertain, entre la fin de l'empire Ottoman et l'arrivée des Alliés», souligne M. al-Khatib.

La deuxième partie du film décrit l'impact de la guerre israélo-arabe de 1967, qui a divisé la région. On y découvre l'histoire d'une veuve qui refuse de quitter sa maison à Qouneitra sur le plateau du Golan, dont Israël a envahi une partie cette année-là.

«Cette guerre ne vise pas à détruire nos maisons, mais nos âmes», affirme cette Mariam.

La dernière partie du film se concentre sur le conflit actuel. Alors que le père de la troisième Mariam abandonne sa propre mère dans un abri, la jeune fille lui dit: «quand un fils abandonne sa mère, il abandonne sa mémoire, son pays, et tout ce qu'il avait de noble en lui».

Selon le réalisateur, c'est cette attention portée à «l'élément humain» du conflit syrien qui a séduit le public et les jurés des festivals.