Au moment où la société débat de l'application d'une charte des valeurs québécoises destinée à exprimer la neutralité religieuse de l'État, il est plutôt ironique de voir à quel point le long métrage Triptyque souligne à grands traits le caractère sacré de la ville de Québec.

On le sent avant tout dans la première partie consacrée à l'histoire de Michelle qui souffre de délires religieux. Mais cet attribut revient aussi dans la suite du film, lorsque le spectateur est invité à quelques allers-retours entre Québec, Montréal et Londres. Des prêtres en soutane, des soeurs portant le voile, on en croise du début à la fin.

Pourquoi avoir autant relevé le visage confessionnel de la Vieille Capitale? «Parce que Québec est la ville d'Amérique du Nord qui possède le plus important patrimoine religieux, défend Robert Lepage, natif de l'endroit et où la compagnie Ex Machina a ses assises. Il y a encore plein de couvents, de presbytères et d'églises, tant catholiques qu'anglicanes.»

Par la force des choses, les traces de la religion sont également présentes dans le monde des arts, thème central dans Triptyque. «On va au théâtre à Québec et on a une chance sur deux de se retrouver dans un ancien temple», dit Lepage.

Il va plus loin, plonge dans le mystère, exactement là où il veut amener le spectateur dans le film. «L'hiver à Québec est un monde où le vent murmure des choses, dit Lepage, où l'on sent la présence des esprits. C'est une vieille ville où l'histoire des fantômes sort des murs.»