Son visage, le réalisateur André Téchiné dit qu'il «le filmerait comme ça, simplement, durant des heures»... En plus d'un demi-siècle de carrière, l'actrice Catherine Deneuve, qui fête mardi ses 70 ans, s'est imposée comme la grande star du cinéma français.

Elle est pourtant arrivée au 7e art presque par hasard, à reculons même. Née le 22 octobre 1943 dans une famille de comédiens - sa mère, Renée, qui vient de souffler ses 102 bougies, a été doyenne de l'Odéon - elle n'est d'abord que la soeur cadette de la sémillante Françoise Dorléac qui a, elle, le cinéma dans la peau.

Adoptant le nom maternel, Deneuve, elle tourne pendant ses vacances, comme dans Les collégiennes, à 13 ans. De petits rôles, rien de bien notable. La brunette devenue blonde capte toutefois l'attention dès 17 ans dans le modeste L'homme à femmes.

«Discrète sans être empaillée, proprette sans être banale, ingénue sans être niaise et jolie, si jolie, sans avoir l'air de le savoir», s'enflamme France Roche dans France Dimanche.

Mais Catherine Deneuve alimente alors surtout la chronique des magazines people: elle est la «fiancée n°3» de Roger Vadim - après Brigitte Bardot et Annette Stroyberg -, vit en couple sans être mariée puis élève en mère-célibataire leur fils Christian.

«Avec ses conceptions ultramodernes, elle fait fi de tous les préjugés et de toutes les traditions», grince son père Maurice Dorléac. Hormis - brièvement - le photographe anglais David Bailey, elle n'épousera aucun de ses compagnons, dont le plus célèbre reste Marcello Mastroianni, père de sa fille Chiara.

Sa rencontre avec Jacques Demy, qui lui offre ses Parapluies de Cherbourg, change le cours de sa carrière et la propulse, à 20 ans, au rang de star.

Catherine Deneuve, servie par sa beauté lisse et froide à la Garbo ou des héroïnes à la Hitchcock, enchaîne dès lors grosses productions et cinéma d'auteur. Refusant catégoriquement de faire du théâtre, elle tourne avec les plus grands (Truffaut, Bunuel, Polanski...) mais s'aventure aussi avec de jeunes réalisateurs (Desplechin, Bercot dans son récent road-movie Elle s'en va...). Au final, 120 films au compteur sans jamais connaître, en 50 ans, de traversée du désert.