La cinéaste sénégalaise Khady Sylla, récompensée par de nombreux prix dans le secteur et également écrivaine, est décédée la semaine dernière dans son pays, a rapporté mardi la télévision publique sénégalaise RTS.

Mme Sylla, 50 ans, était malade. Elle est décédée le 8 octobre à Dakar et a été inhumée le lendemain à Touba (près de 195 km à l'est de la capitale).

Elle était saluée comme une cinéaste de grand talent, ayant pris le parti de l'esthétique, en dépit de sa courte filmographie comprenant cinq oeuvres dont certaines ont reçu plusieurs distinctions à l'étranger: Les bijoux (1997), Colobane Express (2000), Une fenêtre ouverte (2005), Le monologue de la muette (2008, coréalisé avec le Belge Charlie Van Damme), ainsi que Simple parole, actuellement en cours de finition, coréalisé avec sa soeur, également cinéaste, Mariama Sylla Faye.

«Le cinéma, c'est un art qui est long. Donc, il faut pouvoir prendre le temps de se consacrer à un projet, prendre le temps de le laisser mûrir, prendre le temps de le voir se réaliser», pour cet art, il faut «la patience, et prendre le temps», avait dit Khady Sylla dans un récent entretien dont la RTS a diffusé des extraits mardi soir.

Née le 27 mars 1963 à Dakar, Khady Sylla a étudié jusqu'au baccalauréat dans la capitale sénégalaise et la philosophie à Paris, où elle a enseigné l'alphabétisation aux populations migrantes, selon la revue culturelle Africultures.

«Elle se consacre à l'écriture et compte plusieurs romans dont Le jeu de la mer Éd. L'Harmattan 1992 et des nouvelles» avant de passer au cinéma, «elle a écrit par ailleurs des scénarios et adaptations», a indiqué Africultures.

De même source, Une fenêtre ouverte a obtenu le prix de la meilleure première oeuvre au Festival international du documentaire de Marseille (FID) et Le monologue de la muette a reçu de nombreuses distinctions.

D'après le critique sénégalais et spécialiste du cinéma Baba Diop, les soeurs Sylla sont naturellement venues au cinéma, leur mère ayant tenu «le secrétariat des Actualités sénégalaises que dirigeait Paulin Soumanou Vieira», un des pionniers du cinéma africain (Afrique sur Seine).

Cependant, «le choix de Khady Sylla pour les images sera renforcé par sa rencontre avec l'ethnologue-cinéaste français Jean Rouch à qui elle doit sa formation», a ajouté M. Diop dans un hommage à la cinéaste publié la semaine dernière dans le journal privé sénégalais Sud Quotidien.