Le cinéma mexicain connaît un nouvel essor marqué par des films d'auteur récemment couronnés dans des festivals internationaux tandis que des comédies légères «made in Mexico» battent des records de fréquentation sur les écrans nationaux et aux États-Unis.

Depuis quelques années, le cinéma mexicain était associé sur le plan international aux noms d'un trio de cinéastes formé de Guillermo del Toro, Alfonso Cuaron et Alejandro Gonzalez Iñarritu. De nouveaux cinéastes viennent de surgir sur le devant de la scène avec une série de distinctions obtenues avec des films plus axée sur les problèmes du Mexique, tournés avec des moyens plus modestes, loin de Hollywood.

La plus récente distinction a été attribuée la semaine dernière au festival de San Sebastian à Fernando Eimbcke, récompensé par un Coquillage d'argent du meilleur réalisateur pour Club Sandwich, un film minimaliste sur la relation entre une mère et son adolescent de fils.

«Dans tous les festivals dans le monde on voit apparaître deux, trois ou quatre films mexicains intéressants», avait dit avec fierté Eimbcke, avant même d'apprendre qu'il allait être distingué par le festival international le plus important du monde hispanophone.

Narcotrafiquants et migrants sur grand écran

Il y a cinq mois, Amat Escalante avait reçu le prix de la mise en scène lors du Festival de Cannes pour sa description du monde violent des trafiquants de drogue dans Heli, tandis que les jeunes acteurs de La jaula de oro (La cage en or) de Diego Quemada-Diez recevaient collectivement le prix Un certain talent.

«Au Mexique, il y a comme une renaissance d'un cinéma néoréaliste avec des films beaucoup plus risqués qui sont en contact avec une réalité très forte», dit à l'AFP Quemada-Diez.

Ce nouveau courant qui vise à traduire sur le grand écran les dures réalités sociales, avec une distribution souvent formée d'acteurs amateurs, est celui de Quemada-Diez, d'Escalante et de son mentor, Carlos Reygadas, prix de la mise en scène lors du Festival de Cannes 2012 pour Post Tenebras Lux et qui avait déjà remporté le prix du jury en 2007 pour Luz silenciosa (Lumière silencieuse).

Mais ce courant n'est pas le seul, car dans la nouvelle génération de cinéastes de 34 à 43 ans, on ne peut pas dire qu'il y a des thèmes, un langage ou des genres identiques. Sa diversité a pour point commun un regard très personnel et, surtout, très mexicain.

«On ne peut peut-être pas savoir aujourd'hui s'il y a une nouvelle vague du cinéma mexicain, mais ce qui est certain c'est qu'il y a comme une boule de neige qui nous mène vers un panorama plus optimiste», selon Mariana Chenillo, prix de la mise en scène au Festival de Moscou 2009 pour l'humour noir de Cinco días sin Nora.

Les films primés pas ceux plébiscités par le public

On constate toutefois, au Mexique même, un décalage entre les films primés et le public, aggravé par les problèmes de distribution du cinéma local. La jaula de oro, primé cette année à Cannes, ne pourra se voir sur les écrans du Mexique qu'en février 2014.

«Le cinéma mexicain vit une contradiction parce que les films d'auteur qui ont de bons résultats dans les festivals ne connaissent pas le même succès auprès du public et que ceux qui ne sont pas primés rencontrent un succès incroyable, plus grand qu'à d'autres époques», souligne le critique Leonardo García Tsao, directeur de la Cinémathèque du Mexique de 2006 à 2010.

Deux films ont battu des records de fréquentation cette année: d'abord la comédie Nosotros los nobles (Nous les nobles), de Gary Alazraki, une satire de la jeunesse dorée, et cette semaine le très léger On n'accepte pas les rendus, qui a battu tous les records de fréquentation avec 8,7 millions de spectateurs et connaît aussi un grand succès aux États-Unis, en particulier auprès du vaste public hispanophone.