Grâce à La stratégie de la poussette, comédie dans laquelle il donne la réplique à Charlotte Le Bon, Raphaël Personnaz a l'occasion de délaisser les personnages de «beaux ténébreux».

Depuis La princesse de Montpensier, Raphaël Personnaz enchaîne les tournages. Même s'il gagne sa vie depuis une quinzaine d'années au théâtre, à la télévision et au cinéma, l'acteur a vu sa carrière prendre son véritable envol grâce au film historique de Bertrand Tavernier, lancé au Festival de Cannes il y a trois ans.

«Il y a clairement un "avant" et un "après", a indiqué Raphaël Personnaz au cours d'un entretien téléphonique accordé à La Presse. C'est un peu comme si les gens de la profession avaient soudainement eu plus de curiosité à mon égard. Plusieurs propositions sont alors venues pour des rôles auxquels je n'avais jamais eu accès. Et dans tous les styles!»

Vu autant dans le cinéma «d'action» (Forces spéciales) que dans le cinéma d'auteur (Trois mondes de Catherine Corsini), l'acteur a aujourd'hui l'occasion de se frotter à la franche comédie grâce à La stratégie de la poussette, premier long métrage de Clément Michel, un auteur jusqu'ici connu pour avoir signé des boulevards au théâtre.

Retour aux sources

L'acteur y incarne Thomas, jeune trentenaire indécis qui emprunte l'idée d'un copain afin de reconquérir l'amour de sa vie (Charlotte Le Bon), qu'il a dû quitter parce qu'il ne se sentait pas prêt à devenir père. Le copain en question estime que les hommes qui se promènent avec un bébé possèdent un pouvoir d'attraction bien plus grand auprès des femmes. Par un concours de circonstances, Thomas se retrouve ainsi avec le bébé d'une autre sur les bras. Et il y prend goût...

«Il s'agit un peu d'un retour aux sources pour moi, explique Raphaël Personnaz. Au début de ma carrière, je me dirigeais davantage vers la comédie. À l'époque où je jouais beaucoup au théâtre, j'aimais l'idée d'avoir la vocation de faire rire. Il n'y a pas meilleure sensation que d'entendre une salle s'esclaffer. Des propositions sont venues de la télé assez rapidement, puis est arrivé le cinéma. Sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi, on m'a offert beaucoup de rôles de grands torturés. Le fait de m'éclater dans un rôle comme celui de Thomas, où je peux me couvrir de ridicule, est carrément jouissif.»

Au théâtre, Personnaz n'avait pas eu l'occasion de travailler avec Clément Michel, mais il connaissait très bien ses pièces pour les avoir vues. Et appréciées. Aussi fut-il intrigué quand il a vu un scénario signé par l'auteur sur le bureau de son agent.

«Pour tout dire, nous avons tous les deux le même agent, précise l'acteur. J'ai demandé à lire le scénario. J'ai adoré. J'ai laissé un message à Clément pour lui faire part de mon enthousiasme, même si, en principe, je n'aurais pas dû être autorisé à lire son script! Il m'a rappelé deux mois plus tard pour me demander si j'étais intéressé à passer des essais.

«Ses pièces, poursuit le comédien, s'inscrivent dans le genre "boulevard" sans jamais être racoleuses. Ce scénario aussi, d'une certaine façon. Ce film me fait penser aux comédies américaines à la manière de Garden State ou de celles de Judd Apatow. C'est très drôle, mais, en même temps, on y trouve toujours une forme de mélancolie, une petite tristesse.»

Les deux font la paire

Comme tous les Français, Raphaël Personnaz a connu la Québécoise Charlotte Le Bon grâce à ses sketches de Miss Météo pour le Grand journal de Canal Plus. Ils ne s'étaient toutefois jamais rencontrés. De son côté, Charlotte ignorait tout de l'acteur à qui elle allait donner la réplique. À vrai dire, elle avait simplement entendu dire qu'il était mignon...

«Lors de notre toute première rencontre, Charlotte m'a simplement dit: "Ah, c'est toi le type à qui je dois rouler des pelles?" Cela a tout de suite brisé la glace. Nous avons eu beaucoup de plaisir ensemble. Charlotte n'a pas du tout l'image de la jeune comédienne qui prend des airs pour se faire remarquer. Il émane d'elle une belle authenticité, une vraie fraîcheur. Et c'est très communicatif.»

L'origine de Marie n'est jamais précisée dans le film, mais on peut entendre de sa bouche quelques intonations qui laissent deviner qu'elle n'est peut-être pas née en France.

«Je trouve cela plutôt bien que ça puisse être deviné sans pour autant appuyer là-dessus, fait remarquer Raphaël Personnaz. L'accent ne devient pas un enjeu de comédie. Et c'est très bien comme ça.»

La stratégie de la poussette prend l'affiche vendredi prochain.