L'automne dernier, Montréal a accueilli l'équipe de White House Down, une superproduction hollywoodienne signée Roland Emmerich (Independence Day, 2012, Godzilla) et mettant en vedette Jamie Foxx, Channing Tatum, James Woods et Maggie Gyllenhaal qui sortira en salle au Québec le 28 juin. Pour l'occasion, La Presse a été conviée, le temps d'une journée de tournage, à pénétrer dans la réplique (troublante de réalisme) de la Maison-Blanche.

White House Down, film d'action au colossal budget, n'a laissé aucun détail au hasard. La plupart des studios montréalais ont donc été réquisitionnés pour les besoins de la production qui a nécessité la reconstruction de 70% de la Maison-Blanche, dont la piscine présidentielle dans laquelle la réplique de la limousine du chef d'État américain incarné par Jamie Foxx finira sa course.

Kirk Petruccelli, chef décorateur du film, a accepté de relever le défi de reconstituer avec le plus d'exactitude possible, à travers 56 plateaux de tournage, les chambres, la salle à manger, la cuisine, les mythiques salons rouge, bleu et vert ainsi que le Presidential Emergency Center, sans aucune photo pour le guider. Un défi architectural qui a nécessité l'aide de 32 designers de décors pendant 7 semaines de travail intensif (24 heures sur 24, 7 jours sur 7).

«Une foule de détails ont été collectés dans les souvenirs, les livres, l'histoire et des témoignages d'anciens agents des services secrets. Nous avons étroitement collaboré avec la White House Historical Foundation. Le plus ironique est que tout ce qui est construit doit être détruit pour pouvoir construire de nouveau. Mais qui a la chance de construire la Maison-Blanche!» s'amuse Kirk Petruccelli.

Même le papier peint d'origine des murs de la salle à manger datant de l'administration JFK a été trouvé en France pour les besoins du film. Une pièce qui est le théâtre d'une des plus importantes scènes d'action de White House Down entre Channing Tatum et les méchants preneurs d'otages.

Le chef décorateur ne tarit pas d'éloges quant aux talents et à l'expertise de la main-d'oeuvre québécoise en matière de construction.

«Ce sont eux qui ont rendu ça possible! On a fait appel à près de 115 travailleurs du bois, 68 plâtriers et 20 sculpteurs», précise-t-il.

Quant à la décoration: «Le site eBay a été notre meilleur ami! On y a tout trouvé, notamment de magnifiques tapis faits en Inde», ajoute-t-il.

La scène du jour

Au beau milieu d'une longue journée de travail, le réalisateur Roland Emmerich est toujours derrière les nombreux moniteurs dans une pièce de la Maison-Blanche où tous les murs sont criblés de balles.

«Savez-vous combien de personnes veulent tuer le président aujourd'hui? Plus que tous mes prédécesseurs et seulement au Texas!» lance Jamie Foxx à la caméra sous les traits de James W. Sawyer, président des États-Unis, en s'adressant à quelques visiteurs venus découvrir ce jour-là la Maison-Blanche. Parmi eux, John Cale (Channing Tatum), agent de police du Capitole, et sa fille Emily (Joey King) se retrouveront au coeur d'une prise d'otages par un groupe terroriste dont les motivations deviendront plus claires au fil du film.

«La Maison-Blanche est un symbole que le cinéma aime détruire. J'avais un projet similaire il y a presque 10 ans, mais le scénario ne fonctionnait pas. Alors quand Sony a reçu celui-ci, ils ont tout de suite pensé à moi», précise le réalisateur de White House Down.

C'est la pointe d'humour dans le scénario qui a le plus séduit Roland Emmerich, habitué des films d'action à gros budget.

«C'est différent, car l'action est plus réelle. Il y a plus de fusillades et de combats à mains nues que dans 2012. C'est très difficile. C'est amusant lors de la première répétition, mais après quelques jours, c'est plus difficile d'avoir l'air vrai. Ça prend beaucoup de temps, surtout que j'ai utilisé beaucoup de plans larges pour rester original», dit-il.

À l'annonce de la production prochaine d'Olympus Has Fallen d'Antoine Fuqua, qui gravite aussi autour d'une attaque à la Maison-Blanche, le scénariste de White House Down, James Vanderbilt, qui avait un scénario assez similaire en mains, a tout de suite appelé son agent. «Il y a eu une fuite et la nouvelle est sortie. J'avais travaillé avec Sony, notamment sur Spider-Man, et ça s'était très bien passé. Vingt-quatre heures plus tard, le mercredi, on signait. Puis le vendredi, Roland Emmerich voulait réaliser mon film. C'est le processus le plus rapide que j'ai jamais vécu. Et ça, c'est quatre mois et demi avant le début du tournage!» s'exclame le scénariste.

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Des acteurs et une limo...

Channing Tatum

«Je m'appelle John Cale, un policier du Capitole que la garde rapprochée présidentielle a refusé. Travailler avec Roland est très relax, il dit souvent et avec raison qu'on ne guérit pas le cancer en faisant ce métier! C'est assez intense comme tournage: on travaille 6 jours sur 7, parfois 14 heures par jour. Mais la meilleure récompense est que ça me permet de mettre le feu à la Maison-Blanche! Il y a beaucoup d'action et des bagarres parfois dangereuses à tourner. J'essaie de faire toutes mes cascades, mais pour une question de sécurité, je suis parfois doublé.»

James Woods

«Je suis l'agent Walker des services secrets et c'est ma dernière semaine au service du président des États-Unis. Roland m'avait proposé de jouer dans Independence Day, mais je n'étais pas libre. Je suis content d'enfin le retrouver! C'est un réalisateur de talent qui fait très attention aux petits détails. De l'Allemagne, il a envoyé quelqu'un chez moi à Los Angeles pour les essayages. Il fait attention à tous les petits détails de mon personnage, de sa coupe de cheveux à sa cicatrice datant de la guerre du Viêtnam: même la directrice photo pensait que c'était une vraie!»

Joey King

«Mon personnage d'Emily Cale est très intelligent et éveillé. C'est une jeune fille qui veut se démarquer au sein du groupe de visite guidée de la Maison-Blanche et qui pose plein de questions, même au président! Channing Tatum est l'un des acteurs les plus gentils que je connaisse: c'est un véritable enfant et on a fait parfois de mauvais coups, mais Roland Emmerich est tellement cool! C'est facile de travailler avec lui», explique la jeune comédienne qu'on a pu voir dans Batman, The Dark Knight Rises.

The Beast

Il s'agit de la réplique de la limousine présidentielle, familièrement appelée «The Beast». Le véhicule a dû être construit de manière approximative, puisqu'il n'existe aucun document ou photo de son habitacle. Trois prototypes ont été construits en moins de dix semaines à Montréal: le premier coulera dans la piscine de la Maison-Blanche alors qu'un autre s'écrasera contre le VUS des assaillants. Le dernier sera suspendu dans les airs au cours d'une scène d'action des plus intenses. «C'est un gros camion avec l'allure d'une Cadillac!» précise l'un des mécaniciens du plateau.

La limousine présidentielle finit sa course dans la piscine de la Maison-Blanche