L'organisme Téléfilm Canada entend prendre un important virage marketing au cours des prochaines années afin de mieux vendre le cinéma canadien, tant à l'intérieur des frontières que sur le marché international.

C'est ce qu'a indiqué hier midi la directrice générale de Téléfilm, Carolle Brabant, conférencière invitée à l'Association des femmes en finance du Québec.

Aux yeux de Téléfilm, il y a encore du travail à faire pour mieux vendre le cinéma canadien. Et pas seulement dans les salles de cinéma, mais sur toutes les plateformes de diffusion. «Le box-office est une mesure hollywoodienne», dit la directrice générale, qui croit que l'évaluation du succès du cinéma canadien et québécois doit se faire dans une perspective beaucoup plus large.

Dans cette optique, le travail de la mise au point des outils de marketing reste à faire. «On va prendre un virage marketing pour mieux célébrer cette très belle image de marque, dit-elle. Ce ne sera pas facile, rien n'est facile en marketing actuellement.»

En entrevue à La Presse, Mme Brabant a assuré que la mise au point d'outils de marketing ne se ferait pas sur le dos du financement des productions. «On veut avant tout développer des idées pour sensibiliser de plus en plus de gens à l'importance de notre industrie. Et on cherche par tous les moyens à être plus visible», dit-elle.

Comment? En rejoignant des auditoires de publics ciblés, en multipliant les nouvelles ententes de partenariat avec le secteur privé, en insistant encore plus sur les succès du cinéma canadien et en faisant un usage accru des médias sociaux, que la directrice générale de Téléfilm appelle «nos nouveaux amis».

«Les temps changent et les modèles d'affaires évoluent avec une fragmentation des auditoires. Le consommateur est roi et il faut aller le chercher là où il est», dit-elle, en donnant les exemples du web et des médias sociaux.

Mme Brabant insiste aussi sur l'usage de la télévision. Elle mentionne, en se basant sur des sondages faits pour le compte de son organisme, que les répondants assurent qu'ils vont consommer davantage de films canadiens si on en fait une bonne promotion au petit écran.

Ventes à l'étranger

La vente de productions cinématographiques canadiennes va très bien à l'étranger, a fait remarquer Carolle Brabant dans son discours d'hier midi. Elles ont plus que doublé au cours de la dernière année. «Grâce à des films comme Barney's Version, Monsieur Lazhar, Incendies et Le vendeur, le montant des ventes internationales des productions québécoises et canadiennes est passé de 22 millions en 2010 à 51 millions en 2011», a déclaré la directrice générale de Téléfilm. Ajoutons qu'au cours des cinq dernières années, les films canadiens ont remporté plus de 230 mentions et prix internationaux.

Champion de la coproduction

Carolle Brabant reconnaît que les fonds publics sont limités pour le financement du cinéma canadien, mais elle estime que le pays possède d'autres atouts. À ce titre, la coproduction en est un de première importance. «Les Canadiens ont été des pionniers en coproduction. On l'a quasiment inventée, a-t-elle dit, en faisant état des accords en la matière actuellement en vigueur avec 53 pays. La France, le Royaume-Uni et l'Allemagne sont les principaux partenaires. Mme Brabant a cité les films de Denys Arcand, de David Cronenberg ou encore Laurence Anyways de Xavier Dolan parmi les coproductions ayant connu un grand succès.

Téléfilm au cours des cinq dernières années

- Financement à la production de plus de 300 longs métrages

- Appui à plus de 200 festivals et événements

- Aide à la promotion de plus de 150 films en festivals et marchés internationaux

- Participation à plus de 320 coproductions

Source : Téléfilm Canada