La France a produit en 2012 un nombre record de 279 films, dont 209 films d'initiative française, selon le bilan rendu public mardi par le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), qui va lancer une étude sur la rentabilité des films.

«La production est très vivace, malgré un contexte financer très serré», a commenté lors d'une conférence de presse le président du CNC Éric Garandeau. «La tendance est au recul des financements investis dans le cinéma, qui devrait se poursuivre en 2013», ajoute-t-il.

La production cinématographique française a bénéficié de 1,34 milliard d'euros en 2012, en recul de 3,4% au total et de 5,5% pour les films d'initiative française (français ou coproductions à majorité française).

Toutes les grandes sources de financement ont baissé leur apport, sauf les Sofica, les sociétés de financement de l'industrie cinéma et de l'audiovisuel, créées par la loi de 1985.

L'apport des télévisions (31,9% du total) a reculé de 26 millions d'euros. Les chaînes gratuites, dont TF1, ont le plus baissé leur financement (- 12,6%).

Les chaînes privées se concentrent de plus en plus sur les films les plus chers (plus de 15 millions d'euros), «ce qui entraîne une compétition sur les mêmes films et fait grimper les coûts», observe le CNC.

Le financement des chaînes publiques est mieux réparti, avec la moitié des fonds attribués à des films entre 1 et 7 millions d'euros.

Paradoxalement, alors que les budgets se resserrent, le nombre de petits films explose, grâce notamment à l'essor des films documentaires (+23%).

À l'autre bout, les films à gros budgets résistent bien, et ce sont surtout les films à petit-moyen budget (4 à 7 millions d'euros) qui souffrent de la baisse d'investissement.

La pression sur les budgets se traduit par une baisse du nombre de jours de tournage, à un plus bas historique avec 37 jours en moyenne pour les films français de fiction.

Le CNC a annoncé mardi soir engager, à la demande de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, «une étude sur la rentabilité des films d'initiative française».

Cette étude «évaluera la rentabilité des capitaux investis en prenant en compte l'ensemble des recettes générées par les différents modes d'exploitation des films», indique le CNC dans un communiqué. Elle «mettra en évidence les facteurs susceptibles d'expliquer les performances économiques des films» et «présentera une analyse des clés de partage du risque entre les grandes catégories d'investisseurs producteurs, distributeurs salles, autres distributeurs) sur les différents marchés d'exploitation».

La première réunion du comité de pilotage de l'étude se tiendra le 3 avril.

Cette étude est engagée alors qu'une polémique sur le financement du cinéma français a été lancée fin décembre. Vincent Maraval, poids-lourd de la production, avait alors dénoncé un cinéma qui «repose sur une économie de plus en plus subventionnée» et un système d'aide «qui ne profite qu'à une minorité», en évoquant certaines vedettes aux salaires trop élevés même quand leurs films sont des échecs.