Le financement des films français, mis en cause lors d'une récente polémique, repose sur un système complexe mais «transparent», dit Marc Missonnier de Fidélité Films, producteur de Elle s'en va avec Catherine Deneuve, présenté vendredi au festival du film de Berlin.

Il détaille pour l'AFP le montage financier du film et explique: «pour Elle s'en va (six millions d'euros) comme n'importe quel film, tout est mis sur la table dès le départ, tous les contrats sont déposés au CNC (Centre national de la cinématographie et de l'image animée) et consultables par tout un chacun».

«On y trouve tous les comptes, ceux que nous rendons et aussi ceux que nous recevons du distributeur notamment, qui exploite le film en salle».

À l'origine de Elle s'en va, poursuit-il, «l'envie d'Emmanuelle Bercot, la réalisatrice, de faire un film sur et avec Catherine Deneuve, de la voir comme on ne l'a pas vue au cinéma et d'ancrer le film dans la vraie vie, en province».

Fidélité Films croit au projet et engage la réalisatrice pour développer le scénario avec Jérôme Tonnerre, coscénariste.

Séduite par leur travail, Catherine Deneuve accepte de le faire. Son cachet? «300 000 euros: 160 000 euros de salaire et 140 000 euros différés (au vu du succès du film)», selon M. Missonnier.

Un devis est établi: «un peu moins de six millions d'euros tout compris, c'est à dire avec un provisionnement de 10% d'imprévus, le salaire des producteurs (5%) et les frais généraux (7%)».

Minimum garanti

Pour avancer les fonds nécessaires au tournage, Fidélité Films met en participation le salaire des producteurs, les frais généraux et rajoute de l'argent, un montant total de 2 à 3 millions d'euros.

Elle cherche aussi des partenaires extérieurs. Orange cinéma série préachète les droits de diffusion pour environ 1,5 million d'euros mais les autres chaînes hertziennes refusent de participer au financement, selon le producteur.

S'y ajoutent les Sofica (sociétés pour le financement du cinéma et de l'audiovisuel - permettant aux entreprises comme aux particuliers d'investir dans un film en faisant des économies d'impôts) pour un montant de 650 000 euros, et une aide de 420 000 euros provenant de deux régions où sera tourné le film: la Bretagne et la région Rhône-Alpes.

De son côté, le distributeur, Wild Bunch Distribution, avance «le minimum garanti», une avance sur recettes d'environ un million d'euros, contre l'exclusivité de l'exploitation du film en salles. Il devra ensuite se rembourser de ses frais de sortie (affichage, bande annonce, espace publicitaire, copies du film...etc) d'un montant compris entre 600 000 et 800 000 euros, selon M. Missonnier.

Il faudra payer les acteurs, rétribués par un contrat sur la durée de leur engagement et le personnel technique (techniciens, ingénieurs, maquilleuse, costumière...), rétribué à la semaine.

Une fois le film terminé, les producteurs travaillent sur sa sortie pour les ventes à l'étranger: un marathon de «tous les grands rendez-vous du cinéma mondial et notamment Cannes», dit le producteur.

Elle s'en va, dont la sortie en France n'est pas encore fixée, a déjà été prévendu aux États-Unis et en Espagne, et Fidélité films compte sur sa projection à Berlin pour continuer.

Un gros travail accompagnera sa promotion en France où 200 à 250 copies seront réalisées pour les salles. Quatre mois après sa sortie au cinéma, le film sortira en DVD et en VOD (vidéo à la demande).

Fidélité Films, née en 1994, a notamment produit Huit femmes de François Ozon, Renoir de Gilles Bourdos, Le petit Nicolas de Laurent Tirard ou Podium de Yann Moix.