Des nouvelles de Craig Davidson, qui ont inspiré le scénario du film De rouille et d'os, Jacques Audiard aime à dire qu'il en reste surtout «l'humeur, la couleur, l'ambiance, l'atmosphère». «Tout est parti de là, a précisé l'auteur cinéaste au cours d'une entrevue accordée à La Presse, lors du Festival international du film de Toronto. Même quand on fait un vrai travail d'adaptation, on se souvient toujours de la dette qu'on a envers l'auteur. Thomas Bidegain et moi n'aurions jamais écrit cette histoire sans les nouvelles de Craig Davidson.»

Même si l'univers dans lequel se déroule le nouveau film d'Audiard affiche quelques similarités avec celui que décrit l'auteur canadien dans ses nouvelles, il reste que sa transposition dans un cadre européen fait toute la différence. Sans parler de l'ajout d'une histoire d'amour.

«J'ai l'impression que si ces nouvelles avaient été portées à l'écran dans un contexte américain, on en aurait retenu que des lieux communs, estime le cinéaste. Je trouve toujours plus intéressant de transposer un récit profondément ancré dans la culture nord-américaine dans une autre réalité.»

Parfaitement épanoui dans le contexte créatif dans lequel il évolue, le chef de file du cinéma français estime essentiel de combler le «déficit de représentation» que subit l'Europe dans l'imaginaire collectif mondial.

«Nous sommes sous-représentés, dit Jacques Audiard. Sur tous les plans. À l'opposé, vous avez cette obésité d'images provenant de l'Amérique, qui affectent notre regard et notre perception. Or, nous ne vivons pas du tout dans la même réalité.»