Les Chinois «aiment bien ma tronche», plaisante lundi Sophie Marceau pour expliquer son inoxydable popularité en Chine, marché immense mais encore très fermé où le cinéma français marque des points timides face aux géants d'Hollywood.

Assise, décontractée, dans sa suite d'un palace d'où elle domine tout Pékin, la star de 46 ans exhorte l'industrie du cinéma hexagonal à mieux se vendre dans le pays le plus peuplé du monde.

«Il y a un marché ici à exploiter, mais il faut faire vite. Le cinéma américain est plus accessible, beaucoup plus fort, beaucoup plus spectaculaire, nous on n'est pas dans le spectaculaire, on est dans l'humain», lance Sophie Marceau.

«Il faut se battre parce qu'on a affaire à des dinosaures qui, eux, savent très, très bien promouvoir leur cinéma», poursuit-elle, tout en pelant soigneusement un grain de raisin qu'elle finit par croquer.

«Nous, on est un peu faible là-dessus. La France ne s'est jamais beaucoup préoccupée d'exporter sa culture, parce qu'on est un peu prétentieux, on pense que c'est les gens qui vont venir à nous».

«Je trouve quand même dommage que notre président n'ait jamais mis les pieds en Chine, je trouve cela assez choquant même», ajoute la vedette, en pleine tournée asiatique de promotion d'Un bonheur n'arrive jamais seul, où elle assure le premier rôle à côté de l'humoriste Gad Elmaleh.

Elle remplit sa part de contrat, dit-elle, en se rendant deux fois par an en Chine où même ses films les plus mineurs «cartonnent» au box-office.

Pour des centaines de millions de Chinois, Sophie Marceau incarne en effet l'élégance et le romantisme de la France, le pays de la mode, des parfums de luxe et de l'art de vivre.

Samedi dernier, la Française a même été reçue sur le plateau de Yang Lan, journaliste et entrepreneuse célèbre, surnommée «l'Oprah Winfrey chinoise» en référence à la reine du petit écran américain.

Le 7e art est en pleine effervescence en Chine, offrant les perspectives les plus prometteuses du monde. L'essor du nombre des salles obscures est soutenu par la croissance rapide de la classe moyenne, qui adore sortir le week-end dans les multiplex des nouveaux centres commerciaux.

Mais parallèlement, la Chine protège son industrie en limitant de façon draconienne le nombre de films étrangers distribués sur son territoire.

«Malgré un quota très, très limité (...), avec trois ou quatre films français par an autorisés en Chine, j'en ai quasiment un chaque année», se félicite Sophie Marceau.

En 2012, seuls 34 films étrangers ont été admis en Chine sous le régime très recherché du partage des recettes. Un bonheur n'arrive jamais seul en fait partie.

Cette comédie romantique sans prétention, qui agrège tous les ingrédients du genre, du coup de foudre aux retrouvailles en passant par les scènes d'amour et les crises professionnelles, a tout pour séduire le public chinois. Avec en toile de fond, le décor romantico-parisien par excellence: la butte Montmartre.

Les Chinois «aiment beaucoup les comédies romantiques», souligne l'actrice préférée des Français. «Le fait d'avoir été coupés énormément du reste du monde les a laissés encore un peu candides sur le romantisme, sur les histoires d'amour, c'est encore très frais».

«Il y a un intérêt grandissant pour le cinéma français en Chine», confirme Isabelle Glachant, représentante pour la Chine d'UniFrance, chargé de promouvoir le cinéma français à l'étranger.

Une tendance que devrait selon elle prolonger la sortie à venir en Chine de The Artist et Intouchables, les deux énormes récents succès du cinéma français qui poursuivent une très belle carrière à l'étranger.