Le rappeur américain RZA, fondateur du collectif de hip-hop Wu-Tang Clan dans les années 90, passe pour la première fois derrière la caméra avec le film de kung-fu The Man with the Iron Fists (L'homme aux poings de fer), réalisé avec la bénédiction de son ami Quentin Tarantino.

Le film, qui sort vendredi en Amérique du Nord, est produit et coécrit par l'Américain Eli Roth, auteur-réalisateur des films d'horreur Cabin Fever et Hostel, et membre lui aussi de la «galaxie» Tarantino, qui l'a notamment fait jouer dans Inglourious Basterds.

RZA, dont le groupe Wu-Tang Clan fut en son temps considéré comme l'un des piliers du hip-hop, a toujours été un fan des films de kung-fu, qu'il dévorait depuis l'enfance dans les salles obscures de New York.

Dans The Man with the Iron Fists - qu'il a coécrit - le musicien de 43 ans s'est donné le rôle d'un forgeron dans la Chine médiévale, qui se retrouve au beau milieu de la lutte sans merci entre deux clans sanguinaires, prêts à tout pour s'emparer de la cargaison d'or du gouverneur de la région.

«L'histoire mélange les arts martiaux, la bande dessinée, la science-fiction et les films d'horreur», expliquait récemment l'artiste à la presse lors de la présentation du film à Los Angeles.

RZA, qui se frotte au cinéma depuis plusieurs années - comme acteur ou comme compositeur de musiques de film, notamment Kill Bill - Vol. 1 de Quentin Tarantino - se sentait prêt pour passer de l'autre côté de la caméra.

«C'est un grand soulagement, c'est comme d'avoir donné naissance à un enfant. Je me sens accompli, et ce n'est pas tous les jours que l'on éprouve une telle sensation», explique-t-il. «Si le public apprécie, j'espère que ce film ne sera qu'un début».

Créer une mythologie

Eli Roth assure ne pas avoir hésité à confier les clés du film au musicien. «RZA a la vision, la créativité, la passion et les idées neuves. Je n'avais pas besoin de voir quoi que ce soit d'autre pour savoir qu'il pourrait réaliser le film, je le savais au fond de moi».

Selon le producteur, l'un des aspects les plus importants dans l'écriture a été de «créer une mythologie» pour le film et ses personnages, comme George Lucas y était parvenu d'emblée dans Star Wars.

«Nous avons passé un an sur le scénario à créer cette mythologie pour chaque personnage, chaque clan ou chaque arme utilisée», dit-il.

De fait, comme tout film de kung-fu qui se respecte, les combats occupent une large place dans l'histoire. Pour RZA et Eli Roth, c'est l'un des «commandements» pour réussir un film d'art martial.

«Il faut une variété dans les combats», affirme M. Roth. «On ne voulait pas que les gens se lassent, donc on a essayé de changer le style de chaque combat, avec à chaque fois de nouvelles armes et de nouveaux «méchants»». La créativité dans les armes était également fondamentale, note-t-il.

RZA souligne pour sa part «l'importance de l'humour» et de «l'histoire», qui doit pouvoir tenir toute seule, même sans les scènes de combats.

La distribution, qui aligne plusieurs stars des arts martiaux, compte aussi avec la participation de quelques fidèles de Tarantino - Lucy Liu et Pam Grier - ainsi que de l'acteur néo-zélandais oscarisé Russel Crowe, dans le rôle d'un mystérieux voyageur.

«Pendant longtemps, je ne savais pas si Russell me suivrait dans l'aventure», raconte RZA. «Mais il m'a dit qu'il croyait en moi comme artiste et c'est ce qui l'a convaincu au final. Je l'ai vécu comme une validation de ma vision artistique».