«J'ai été lapidée sur la place publique, avant même de connaître les charges retenues contre moi», a confié jeudi à La Presse Geneviève Sabourin, accusée de harcèlement par le comédien américain Alec Baldwin.

«Ma réputation est salie. Ma vie est complètement finie. Je suis en exil aux États-Unis depuis plusieurs mois. Je n'ai pas la possibilité de travailler là-bas et je dépense des sous pour me défendre et contrer cette injustice.»

De passage à Montréal, cette semaine, la Québécoise de 40 ans a accepté de briser le silence dans lequel elle s'est enfermée depuis le déclenchement de cette affaire, le 8 avril dernier. Alec Baldwin a porté plainte contre elle, prétendant qu'elle l'avait inondé de textos déplacés et de courriels étranges, en plus de se rendre à sa résidence des Hamptons, le 31 mars, puis à celle de Manhattan, la semaine suivante. Il admet toutefois avoir mangé avec elle, en 2010.

Selon la plainte, Mme Sabourin serait entrée dans une colère noire en apprenant les fiançailles de Baldwin avec Hilaria Thomas, 28 ans, la professeure de yoga de la vedette de 30 Rocks, au début du mois d'avril.

Qu'en est-il de sa version des faits?

«J'ai rencontré Alec en 2000 sur le tournage de The Adventures of Pluto Nash, dit-elle. À l'époque, il était marié à Kim Basinger, et on avait un rapport strictement professionnel. Mais dix ans plus tard, alors que je cherchais à m'établir à New York, des amis en commun lui ont donné mon numéro et il m'a tout de suite appelée. Puis, on a commencé à se fréquenter», explique Geneviève Sabourin.

«J'ai découvert après plusieurs mois de relation à distance qu'il voyait une autre femme. C'était légitime pour moi, compte tenu de ma relation avec Alec Baldwin, de passer chez lui pendant que j'étais à New York pour qu'on puisse s'expliquer. Ayant été publiciste pour Warner Brother, je sais que tout ce qu'on lit n'est pas nécessairement vrai, alors je suis directement allée à la source», dit Geneviève Sabourin.

«Mes avocats new-yorkais m'ont dit que M. Baldwin n'était pas sur les lieux, ni même à Manhattan. Ils ont ajouté que c'est sa copine ou le gardien de l'immeuble qui aurait appelé le 911. J'attendais avec mon petit chien de 2,7 livres à l'extérieur de l'immeuble, et c'est comme ça que je me suis retrouvé dans une machine gigantesque qui m'a coûté sept mois de misère et plus de 100 000 $», précise-t-elle.

Alors que la nouvelle défrayait la chronique de tous les journaux de la planète, Geneviève Sabourin s'est alors retrouvée en prison pendant 36 heures.

En quête de preuve

Un peu découragée, après sept mois de procédures, elle estime aujourd'hui ses chances nulles d'avoir un procès équitable contre Alec Baldwin.

«Alec Baldwin a prononcé à discours d'introduction (que l'on peut voir sur Youtube), lors de la nomination d'Eric Schneiderman au poste de procureur général de New York, qu'il a présenté comme son «grand ami Éric Schneiderman». Il était aussi, il y a quelques semaines, à un souper avec son épouse et les parents du gouverneur actuel, Andrew Cuomo. Alors, je pose la question: quelles sont mes chances d'avoir un procès équitable contre le «roi de New York»?» lance-t-elle.

Après une longue attente, le 29 septembre dernier, le juge a refusé de classer l'affaire. Geneviève Sabourin devra se présenter à nouveau en cour le 27 novembre, afin de tenter de passer un accord avec la partie adverse. Le cas contraire, elle devra subir un procès.

«Le plus gros problème, c'est que Facebook n'est pas tenu par la loi américaine de me donner le contenu de mes conversations qui étaient bilatérales avec Alec Baldwin, puisque ce contenu n'est pas à moi, mais à Facebook. Au moment où je me suis rendu compte qu'il fréquentait une autre femme, je lui ai dit : «Arrête de me parler, tu n'es plus mon ami Facebook». En faisant cette erreur cruciale, j'ai perdu le lien de conversation et ainsi la preuve que j'aurais pu présenter en cour. J'ai gardé des courriels et des sms, mais nos messages Facebook étaient plus intimes» dit-elle.

Le 19 juin dernier, une photo d'Alec Baldwin en train de pousser le photographe du Daily News, Marcus Santos, à NY, a circulé sur Internet. Le photographe guettait la sortie de l'acteur et sa nouvelle épouse, qui venaient de se marier.

«Malgré la photo pour le prouver, le procureur a dit qu'il n'y avait pas eu violence et qu'il n'y avait donc pas matière à procès. Depuis, les deux parties ne veulent plus commenter. Il y a peut-être eu un marché hors cour, mais moi, je n'ai pas les moyens de faire ça», conclut Geneviève Sabourin.