Le légendaire acteur américain Kirk Douglas, 95 ans, a évoqué ses souvenirs à l'occasion de la récente projection d'une version restaurée de Spartacus à Los Angeles, rappelant le climat délétère à l'époque de la sortie du film, quelques années après la fin du maccarthysme.

«Quand on a 95 ans, on ne regarde plus vers l'avenir. On regarde en arrière, on fait l'inventaire», a déclaré la star de Hollywood, ovationnée par un public enthousiaste à son entrée dans la salle de cinéma peu avant la projection.

«Je suis très fier de faire partie de la communauté d'Hollywood, parce qu'à Hollywood, on n'est pas divisés entre démocrates et républicains, on est entre Américains», a poursuivi l'acteur, qui éprouve quelque difficulté à parler.

«Et je suis fier de types comme George Clooney ou Sean Penn qui dépensent leur argent pour aider les autres», a-t-il ajouté, faisant référence à deux acteurs connus pour leur engagement militant en faveur de plusieurs causes humanitaires.

Pour autant, l'acteur n'a pas oublié des heures plus noires pour Hollywood. Spartacus, réalisé par Stanley Kubrick, et dans lequel Kirk Douglas incarne Spartacus, un gladiateur qui prend la tête d'une révolte d'esclaves dans la Rome antique, en est d'ailleurs un symbole.

Quand il décide de produire le film, adapté d'un roman de Howard Fast, Kirk Douglas confie le scénario à Dalton Trumbo, qui était sur la «liste noire» du maccarthysme. Le sénateur américain Joseph McCarthy avait mené une chasse aux sorcières anti-communiste dans les années 1950.

Des années «dures»

Trumbo perçoit ses salaires sous un pseudonyme, mais Kirk Douglas met son vrai nom au générique du film sorti en 1960, un geste par lequel l'acteur affirme avoir mis fin au discrédit qui frappait encore les artistes placés sur cette liste noire.

«À l'époque du maccarthysme, je vivais dans un monde... la plupart d'entre vous n'étiez même pas nés», a commencé l'acteur, avant de poursuivre : «Vous ne pouvez pas imaginer combien ces années étaient dures, quand il y avait la «liste noire»».

«Personne ne voulait employer les gens qui étaient sur cette liste», a-t-il souligné.

Mais au-delà de la situation de Dalton Trumbo, Spartacus a également dû affronter les ciseaux de la censure, à une époque très puritaine. Une scène, aujourd'hui très connue, avait dû être coupée.

Elle montre le général romain Crassus, l'ennemi de Spartacus interprété par Lawrence Olivier, se faire laver dans son bain par son esclave Antoninus (Tony Curtis).

L'homosexualité sous-jacente de la scène est renforcée par le dialogue entre les deux hommes, Crassus demandant à son esclave s'il aime les huîtres et les escargots avant de lui dire que lui apprécie les deux - une métaphore sexuelle jugée à l'époque choquante par la censure.

Cette censure, «c'était idiot», a simplement commenté Kirk Douglas.