Sharon Stone opposée à Bernard-Henri Lévy dans la course à la Maison-Blanche. Ce duel improbable de vrais-faux candidats a été imaginé par l'artiste italien Francesco Vezzoli, qui présente à Venise deux publicités tournées avec l'actrice américaine et le philosophe français.

Avec Democrazy, Francesco Vezzoli, l'un des deux invités du pavillon italien de la 52e édition de la Biennale d'art contemporain (10 juin-21 novembre), explore l'infime frontière séparant politique et spectacle.

«La plus grande diva, l'icône absolue et le plus grand philosophe, en tout cas le plus visible», comme il les appelle, se font face dans deux publicités de campagne d'une minute chacun, tournés comme des shows avec musique, poignées de main, ballons gonflables et sourires éclatants.

Sharon Stone, qui ressemble étrangement à Hillary Clinton, incarne Patricia Hill, tandis que Bernard-Henri Lévy (BHL) joue, dans un anglais teinté de français, Patrick Hill (et a avoué dans la presse ces jours-ci avoir accepté pour l'occasion de porter une cravate pour la première fois de sa vie).

En affublant les deux candidats du même patronyme, l'artiste de 36 ans souhaitait donner le moins d'indices possibles sur leur étiquette politique.

«Je voulais qu'il ne soit pas évident de dire qui est démocrate, qui est républicain, afin de montrer qu'aujourd'hui les idéologies s'amalgament et que les idées s'écroulent. La politique est un grand cirque médiatique et cela me plaisait de cheminer sur le fil quasiment invisible qui sépare le show de la réalité», résume Francesco Vezzoli dans un entretien avec l'AFP.

«J'ai toujours beaucoup aimé travailler sur le miroir des vanités», s'esclaffe-t-il, en bermuda noir et chaussettes Prada enfilées dans ses baskets d'adolescent.

Pour faire encore plus vrai, Francesco Vezzoli est allé à Washington rencontrer les conseillers qui ont mené à la victoire les présidents George W. Bush et Bill Clinton, et qui «ont ont accepté de briefer mes deux candidats comme si c'étaient des vrais!», raconte-il.

Le ton, les gestes, les expressions du visage, sans oublier les vêtements et la coiffure, tous les éléments sont là pour une parodie sans faute.

«Stone et Lévy m'ont laissé jouer avec leur personnalité. Mais je pense que si ce duel était réel, Sharon Stone gagnerait car elle joue mieux. Et un politique doit évidemment savoir jouer», souligne Francesco Vizzoli.

A-t-il suivi la campagne électorale française? «Oui, un peu. Nicolas Sarkozy est dans le show. Et puis Cécilia a été mariée avec un présentateur télé, non? Cela a pu l'aider à gagner», estime l'artiste.