«Vous n'avez jamais aimé avoir peur quand vous étiez enfants?!» a fait semblant de s'étonner David Yates. La réponse a fusé de la bouche du réalisateur de Harry Potter et l'Ordre du phénix dès que la question a franchi les lèvres d'un des journalistes qui participaient à la conférence de presse.

Il est en effet désormais d'une affligeante banalité que de se surprendre du côté «de plus en plus sombre» des longs métrages tirés des romans de J.K. Rowling... eux aussi de plus en plus sombres. Et ce n'est pas une surprise. On sait depuis le début que le destin de Harry Potter n'a rien d'une partie de plaisir. Le cinquième film de la série est donc à l'image du livre dont il est inspiré.

«Les classiques de la littérature enfantine sont au moins aussi effrayants que ce film. Relisez les contes des frères Grimm!», poursuit le producteur David Heyman. «Je pense que les enfants aiment être entraînés dans ces territoires-là parce que ça les fait se sentir vivants... et mortels. Et c'est une chose importante», ajoute le réalisateur.

«En plus, continue-t-il, les enfants détestent être traités avec condescendance.» Il fait donc confiance à son public. A décidé de leur offrir un produit «qui les fait réfléchir et qui leur parle». Un produit qui ne joue pas seulement à la chair de poule avec eux. «Si ce film est sombre, c'est aussi qu'il vient nous chercher sur le plan émotif. Exactement comme le fait J.K. Rowling dans ses livres. Or, nous sommes fidèles aux romans depuis les débuts, conclut David Heyman. Si nous faisons autrement, nous perdrions notre public qui se sentirait trahi.» J.K. Rowling aussi, n'en doutons pas.