La 64e Mostra retrouve jeudi le cinéaste taïwanais Ang Lee, dont Brokeback Mountain avait remporté un Lion d'or il y a deux ans, de retour avec Se jie, un thriller érotique, et le Britannique Kenneth Branagh, un habitué du Lido.

Les stars arrivaient au compte-gouttes sous un ciel pluvieux, au deuxième jour du festival (29 août-8 septembre).

Si George Clooney et Michelle Yeoh étaient bien là, en revanche l'égérie de Woody Allen, l'Américaine Scarlett Johansson, à l'affiche de Nanny Diaries présenté hors compétition, aurait annulé sa venue selon la presse, au grand désespoir des photographes aux aguets sur le Lido.

La veille Keira Knightley, à l'affiche d'Expiation, mi-mélodrame mi-film de guerre à grand spectacle présenté en ouverture, a fait crépiter les flashes.

Le plus vieux festival de cinéma du monde, qui fête ses 75 ans, découvrait jeudi deux des 22 films - plus un film-surprise venu d'Asie annoncé à mi-parcours - en lice pour le prestigieux Lion d'or.

Se jie (Lust, Caution), une histoire d'espionnage et de sexe dans le Shanghai des années 1940, est signé par Ang Lee, un cinéaste natif de Taiwan installé aux États-Unis depuis 1978.

La longiligne Tang Wei y interprète une jeune comédienne devenue apprentie espionne, qui s'emploie à séduire le dangereux Mr. Ille, alias Tony Leung.

Avec ce personnage puissant et trouble, proche de l'ennemi japonais pendant la Seconde guerre mondiale, elle entame une liaison perverse où chacun manipule l'autre, dans un thriller tiré d'une nouvelle éponyme d'Eileen Chang.

Le film de plus de deux heures et demie, mêle de belles scènes de corps à corps amoureux à une peinture amère de l'engagement idéologique. Inexpérimentés mais prêts à tout par exaltation patriotique, les jeunes héros de Se jie apprennent à leurs dépens qu'assassiner un homme, tout traître qu'il soit, est une bien triste besogne.

Imprégné d'une double culture, Ang Lee aujourd'hui âgé de 53 ans, alterne films aux thèmes américains (Ride with the Devils) et asiatiques tels que Tigre et dragon (2000), tiré de récits de chevalerie chinoise.

Venu hors compétition l'an dernier avec La Flûte enchantée, le Britannique Kenneth Branagh, connu pour ses adaptations inspirées de pièces de Shakespeare, présentait Sleuth, dont le scénario est signé par le dramaturge anglais Harold Pinter, prix Nobel de littérature en 2005.

Sleuth est à l'origine une pièce de théâtre d'Anthony Shaffer, déjà adaptée au cinéma par Joseph Mankiewicz. Pinter en a fait un huis-clos, une joute verbale entre deux hommes, le mari et l'amant, qui se disputent une femme que l'on ne voit pas.

Le film séduit grâce à ses dialogues, étincelants de cruelle ambiguïté et d'humour cynique, servis par un duel jubilatoire entre deux acteurs britanniques de générations différentes : l'excellent Michael Caine et le non moins talentueux Jude Law, également co-producteur.

«Cela fut un privilège de travailler avec ces deux comédiens dans un film au scénario tellement riche et intelligent», a déclaré à la presse Kenneth Branagh, encadré par Caine et Law. «Michaël et Jude se sont rencontrés des dizaines de fois avant de tourner, ce fut une joie de les voir s'engager à fond dans ce travail très difficile», a-t-il ajouté.