Suzanne Clément (Les hauts et les bas de Sophie Paquin) et Daniel Brière (Les invasions barbares) joueront un couple en pleine explosion dans C'est pas moi, je le jure, de Philippe Falardeau, dont le tournage débutera jeudi, a appris La Presse. Une fois n'est pas coutume, le troisième film de Philippe Falardeau se fera sans son complice, Paul Ahmarani.

Adapté du roman de Bruno Hébert, C'est pas moi, je le jure a pour véritable héros le jeune Léon, joué par Antoine L'Écuyer, spectateur privilégié de la débâcle familiale. «Il porte tout le film sur ses épaules. Il faut que le film ait l'humour du livre, que l'histoire se manifeste par cette nature intérieure du personnage», raconte Philippe Falardeau.

Si Léon est omniprésent dans le livre, le film donne un peu plus de présence à ses parents, Madeleine et Philippe, interprétés par Suzanne Clément et Daniel Brière. Le déclencheur de la crise est le départ de Madeleine pour la Grèce. «Suzanne Clément va être une femme hors du temps, qui n'est pas née à la bonne époque. Artiste, elle se retrouve enfermée dans une banlieue, dans une vie rangée, à élever des enfants. Elle va retrouver sa liberté», dit Philippe Falardeau.

Dès l'écriture du scénario, Philippe Falardeau a pensé à Suzanne Clément pour interpréter ce rôle. Le coup de coeur doit beaucoup au rôle de la jeune femme dans L'audition. «Suzanne respire la liberté», juge-t-il. Dans les années 60, rares étaient les femmes prêtes à tout laisser derrière elles pour reconquérir une liberté confisquée par le mariage et la maternité.

C'est le père qui prend les enfants à sa charge. Présente, mais très indirectement dans le livre, la figure paternelle a été étoffée grâce au deuxième roman de Hébert, Alice court après René. «Le personnage du père est très rationnel, très cérébral, commente Philippe Falardeau. Daniel a en lui une beauté intrinsèque qui fait contrepoids au personnage.»

Ce n'est pas une première collaboration pour le comédien et le réalisateur. «Daniel Brière jouait un ex-comédien, fonctionnaire au bureau du chômage, dans La moitié gauche du frigo. Je trouve que c'est un gars dont le talent a été sous-exploité au cinéma», estime Philippe Falardeau.

Dans les bouleversements de son été, Léon va se trouver une compagne de turbulences, Léa (la Clarence du livre), jouée par Catherine Faucher. «C'est un personnage très important: Léon va sublimer la douleur du départ de sa mère en tombant amoureux de sa voisine», dit Philippe Falardeau.

Le frère de Léon, Jérôme, joué par Gabriel Maillé, sera aussi très présent dans le film. «C'est une belle surprise. Il va amener une toute autre profondeur. Antoine L'Écuyer est, comme son personnage, très dissipé. Lui, c'est une soie», note Philippe Falardeau.

Du côté des adultes, Denis Gravereaux, Jean Maheux, Évelyne Rompré, Jules Philip et Micheline Bernard incarneront les personnages secondaires, confident, voisin ou proche de Léon. «Mais c'est vraiment le show des parents et des enfants», précise le producteur du film, Luc Déry.

De nouveaux personnages sont apparus dans le scénario de Philippe Falardeau. «Il y a des personnages qui n'existent pas dans le roman. Pour l'adaptation on s'en éloigne forcément», note Luc Déry, le fondateur de la maison micro_scope.

Dans la distribution brille, faute de rôle pour lui, un grand absent, Paul Ahmarani, le complice de Falardeau dans ses deux précédents films. «Cela a été mon drame, jusqu'à la fin du casting, raconte le réalisateur. C'est sûr que je vais retravailler avec Paul. Il le comprend, même s'il est extrêmement déçu.»

Depuis 10 ans, Philippe Falardeau travaille pour acquérir les droits du roman, et l'adapter au cinéma. «J'aime le mélange de drame et d'humour du livre. Sans me reconnaître dans Léon, j'ai des souvenirs de l'époque de mes 10 ans, où on est pris avec une quantité phénoménale d'énergie.»

Le tournage du film débute jeudi, dans un bowling de la région de Trois-Rivières. Jusqu'au 4 octobre, l'équipe tournera à Boucherville, à Saint-Scholastique, repassant même, pour 18 journées, à Saint-Michel, où Congorama avait été tourné. «Ils vont devoir ouvrir un bureau du cinéma», plaisante Philippe Falardeau.