Pour la deuxième fois cet été et la quatrième fois cette année, un film québécois a pris la tête du box-office lors de sa sortie. Au cours de leur premier week-end en salle, les déboires conjugaux joués par Claude Legault, Guillaume Lemay-Thiverge et Paul Doucet, avec des recettes de 525 287 $, ont attiré plus de gens que les autres films à l'affiche.

Il s'agit d'un départ comparable à celui d'À vos marques... Party!, sorti le 30 mars, qui a généré des recettes totales de 2 041 249 $. Mais malgré ce nouveau succès, il n'est pas certain que le cinéma québécois améliorera ou même conservera ses parts de marché cette année.

Quoi qu'il en soit, le coproducteur et distributeur du film, Christian Larouche (Christal Films), s'est dit très satisfait au téléphone de la performance de son film. «On dépasse le box-office de Rush Hour 3 (510 647 $). Je suis vraiment content d'être numéro un, surtout pour ce week-end, l'un des pires de l'été. Les box-offices des autres films ont descendu de 50, 60, 70 points en moyenne, ce qui veut dire que c'était un très mauvais week-end», dit Christian Larouche.

«Si le week-end n'avait pas été si mauvais, d'après moi, on aurait fait 675 000 $, dit-il. J'espère une chose, en tant que distributeur, c'est d'amener les gens à venir voir notre film. C'est fait. La question, c'est si le film va avoir une longue vie ou non, mais ça ce n'est plus de mon ressort.»

«C'est un bon départ pour le film», analyse Simon Beaudry, président de Cineac, la firme qui compile les entrées de cinéma de la province. Cet été, des films ont toutefois connu des départs plus payants. Harry Potter a récolté 1 787 936 $ et Nitro, 1 236 573 $.

«Est-ce que vous avez vu beaucoup de Titanic depuis 1997? Nitro est un Titanic à l'échelle du Québec. Malheureusement, beaucoup de gens pensent que les 15 films québécois qui sortent chaque année vont ouvrir à 1 million de dollar. Or, ce n'est pas possible», rappelle Simon Beaudry.

«C'est pour ça que quand on voit des recettes autour de 500 000 $, c'est un excellent départ, quelle que soit la nationalité du film. Les 3 p'tits cochons, ce n'est pas dans la stratosphère des Séraphin, Nitro, Bon Cop, Bad Cop. Tout comme les Américains, semaine après semaine, n'ont pas des films dans les stratosphères de Titanic», a-t-il poursuivi.

Bilan à venir

Les chiffres définitifs concernant les performances estivales du cinéma québécois ne seront connus qu'au mois de septembre. «Il y a des surprises en août, et il faut toujours patienter jusqu'au début du mois de septembre pour voir s'il n'y a pas un titre qui pourrait nous surprendre», explique Simon Beaudry.

Outre Les 3 p'tits cochons, on peut toutefois remarquer que deux films québécois se sont démarqués jusqu'à présent cet été: Nitro, qui a cumulé depuis le 29 juin un box-office de 3 406 776 $, et Ma tante Aline, qui a recueilli depuis le 20 juillet 837 469 $. Des chiffres qui ne sont pas encore définitifs.

Depuis le début de l'année, et jusqu'au 9 août, Nitro est le film québécois dont le box-office est le plus élevé. Derrière le long métrage d'Alain Desrochers, deux autres films ont dépassé la barre des 2 millions au box-office: Ma fille, mon ange (2 646 016 $) et À vos marques... Party! (2 041 249 $).

C'est, quatre mois avant la fin de l'année, mieux que les deux films suivant Bon Cop, Bad Cop (10 644 655 $) dans le Top 5 de l'année 2006: Le secret de ma mère (2 281 805 $) et Roméo et Juliette (1 348 687 $). Et l'année du cinéma québécois est encore loin d'être finie: Bluff, de Simon-Olivier Fecteau et Marc-André Lavoie, Soie, de François Girard et L'âge des ténèbres, de Denys Arcand, comptent parmi les longs métrages encore attendus qui pourraient générer de bonnes recettes.

Les performances accomplies et à venir seront-elles suffisantes pour relever les parts de marché du cinéma québécois? Rien n'est encore joué. Après 2005, une année faste, les parts de marché du cinéma québécois avaient fléchi de 33 % pendant l'été 2006. Et ce, malgré le record battu par Bon Cop, Bad Cop.