Le rideau se lève jeudi sur la 31e édition du Festival des films du monde de Montréal (FFM), rendez-vous du 7e art jadis très couru qui tente de regagner ses lettres de noblesse avec un hommage cette année à l'actrice Sophie Marceau ainsi qu'à la mémoire du cinéaste Ingmar Bergman.

Le festival de Montréal tente un retour en force cette année après une saga politico-culturelle qui avait considérablement miné sa crédibilité sur les scènes locale et internationale.

À l'été 2004, un rapport commandé par les autorités canadiennes et québécoises, principaux bailleurs de fonds du festival, tirait à boulets rouges sur le FFM, lui reprochant un manque de transparence de sa direction, une baisse de la fréquentation, et un manque d'intérêt du showbusiness.

À la suite de ce rapport, ces bailleurs de fonds avaient retiré leur appui au président du festival, Serge Losique, et lancé un appel d'offres pour créer un nouveau festival à Montréal.

Mais contre vents et marées, M. Losique et sa bande se sont accrochés à leur radeau à la dérive pour présenter leur festival sans le sou. L'année suivante, Montréal avait ainsi présenté deux festivals en moins d'un mois, créant la confusion tant chez le public que dans les milieux du cinéma.

Le Festival des films du monde a recouvré cette année l'appui de ses principaux financiers, aujourd'hui forcés de faire leur mea culpa pour avoir plombé une formule qui avait fait ses preuves par le passé.

Acteurs, producteurs et réalisateurs, peu enclins à s'associer au FFM au moment fort de la tempête, commencent à refaire leur apparition.

Sophie Marceau, à qui Montréal rendra hommage ce week-end, doit fouler le tapis rouge jeudi soir pour la présentation du film d'ouverture Bluff, coréalisé par les Québécois Marc-André Lavoie et Simon-Olivier Fecteau. Suivront jusqu'au 3 septembre, l'acteur américain Jon Voight ainsi que les Français Alain Chabat et Claude Miller.

Ce dernier doit présenter, en première mondiale, lors du gala de clôture, Un secret, oeuvre sur les tribulations d'une famille juive après la Seconde Guerre mondiale soutenue par Patrick Bruel, Cécile de France et Julie Depardieu.

Côté vedettes, Montréal est aujourd'hui largement devancée par sa rivale canadienne Toronto, hôte d'un festival glamour où se croise à l'aube de la rentrée culturelle tout le gratin hollywoodien.

Mais Montréal demeure le seul festival généraliste compétitif en Amérique du Nord reconnu par la Fédération internationale des associations de producteurs de films, un titre qui lui permet de révéler au grand jour des oeuvres inconnues, qui auraient pu le demeurer.

Quelque 230 longs métrages et 215 courts et moyens métrages provenant de 70 pays seront diffusés au FFM. Vingt films se disputeront le Prix du jury dont trois de la Chine, deux de la Russie, des États-Unis et de la France.

Cette nouvelle édition sera dédiée à la mémoire du cinéaste suédois Ingmar Bergman, décédé en juillet, qui avait présenté en 2003 à Montréal Saraband, son dernier film.

«On a des liens particuliers avec Bergman (...). Liv Ullmann (son égérie) est présidente d'honneur du festival depuis longtemps, on a présenté le dernier film de Bergman en première ici et il a été très bien accueilli. On a aussi présenté les films du fils de Bergman», explique sa vice-présidente, Danièle Cauchard.

Le jury est présidé par le producteur new-yorkais James B. Harris, derrière le Lolita de Stanley Kubrick, et notamment composé des actrices argentine Mia Maestro et coréenne Kang Su-Yeon.