Un moment, on a cru à son naufrage, mais c’était sans compter l’entêtement de son capitaine. Le 31e Festival des films du monde de Montréal, qui s’ouvre ce soir, n’a peut-être plus le faste d’antan, mais le simple fait qu’il existe encore est un exploit en soi.

Dans la foulée de l’épisode houleux de la «guerre des Trois», en 2005, en référence à la concurrence entre les trois festivals de cinéma de Montréal, dont il n’en subsiste que deux, le président du FFM, Serge Losique, avait gardé le cap contre vents et marées.

Après avoir voulu lancer un nouvel événement cinématographique pour lui faire concurrence — le Festival international du film, disparu après une seule tenue —, les institutions gouvernementales, la Sodec en tête, sont revenues dans le giron du FFM, les distributeurs québécois aussi. Tout indique que la cohabitation tranquille avec l’autre festival montréalais du septième art, le Festival du
nouveau cinéma, semble là pour rester.

Serge Losique se refusant à tout commentaire, comme c’est son habitude, c’est à l’un de ses adjoints, Henry Welsh, qu’est revenu le soin d’indiquer au Soleil la nouvelle direction qu’entend prendre le FFM.

«Serge Losique ne veut pas parler du passé. Pour lui, l’édition actuelle représente la continuité. Il a tenu bon et ce qui importe maintenant pour lui, c’est de faire la promotion du bon cinéma», explique-t-il, ajoutant que le FFM profite d’un cru cinématographique 2007 plus intéressant que celui des années précédentes.

La comparaison entre le FFM et le Festival international du film de Toronto ne tient plus tellement : le second est devenu un joueur incontournable sur l’échiquier mondial. Contrairement à ce qui se passe dans la Ville reine, plus glamour avec son lot de vedettes américaines, le FFM fait la part belle cette année au cinéma québécois et français, parmi les quelque 230 longs métrages qui composent sa programmation, et dont la majorité est présentée exclusivement avec des sous-titres anglais, au grand dam des cinéphiles qui ne maîtrisent pas cette langue...

Marceau, Dansereau et Voight honorés

C’est à un film québécois, Bluff, production indépendante tournée avec un budget minimaliste, sans le soutien des institutions, par Marc-André Lavoie et Simon Olivier Fecteau, que revient l’honneur de briser la glace, ce soir, en ouverture. Toi, de François Delisle, La Brunante, de Fernand Dansereau, et Surviving My Mother, d’Émile Gaudreault, sont les autres films d’ici qui connaîtront leur baptême au FFM.

Le cinéma français sera également en évidence, avec l’excellent Lady Chatterley, César du meilleur film de l’année, de Pascale Ferran; Un secret, de Claude Miller; Roman de gare, de Claude Lelouch; Prête-moi ta main, d’Éric Lartigau; Dialogue avec mon jardinier, de Jean Becker; Actrices, de Valeria Bruni Tedeschi, et La Disparue de Deauville, de et avec Sophie Marceau.

Le FFM profitera d’ailleurs de la visite de la comédienne réalisatrice pour lui rendre hommage. On donnera également un coup de chapeau à la carrière des John Voight (qui viendra présenter en première mondiale son dernier film, September Dawn), Fernand Dansereau et Andrés Vicente Gomez, important producteur espagnol. C’est le scénariste et réalisateur James B. Harris, également producteur des premiers films de Stanley Kubrick, qui préside le jury de la compétition officielle.