Grand moment jeudi pour le jeune réalisateur sherbrookois Martin Laroche: son tout premier film, La logique du remords, réalisé avec un budget d’à peine 3400 $, revêtait les beaux atours du grand écran, au Festival des films du monde de Montréal. Près de 100 personnes, dont beaucoup d’amis, avaient convergé vers le cinéma Quartier latin pour la première des trois représentations.

Martin a d’ailleurs reçu de nombreuses félicitations une fois la projection terminée. Mais l’histoire du film est tellement sombre que les sourires et les embrassades avaient quelque chose de figé. La plupart des spectateurs semblaient encore ébranlés par le drame sans nom vécu par les protagonistes du film. On aurait pu entendre voler une mouche.

«Je m’attendais à ce que des gens se bouchent les yeux ou soient même incapables de regarder jusqu’à la fin. Mais je ne voulais pas faire de compromis. Aucune horreur n’est gratuite. Tout ce qui est dégueulasse a sa place. Mais je respecte totalement les gens qui se lèvent et décident de sortir.»

Le titre du film fait référence à une zone du cerveau où se trouverait le siège de la compassion et empêcherait la plupart des êtres humains de poser gratuitement des gestes cruels. Cette zone serait manquante chez certains psychopathes. Quand sa fille de 5 ans sera violée et assassinée, un jeune père se demandera s’il pourrait «anatomiquement» s’amputer du remords et exercer sa vengeance.

«Je suis assez content de l’ensemble. Je trouve que le résultat est assez crédible et que l’émotion ressort encore plus sur grand écran, dit Martin. Mais je dois avouer qu’en ce moment, j’ai surtout en tête tous les petits pépins techniques que j’ai trouvés au fil de la projection», concède ce perfectionniste, qui a tout de même pleinement assumé les limites de son long métrage.

«Je suis surtout heureux que tous mes amis soient là pour voir le film, mais j’ai été agréablement surpris quand des gens que je ne connaissais pas sont venus me dire qu’ils avaient apprécié, malgré leur trouble, et qu’ils n’avaient jamais rien vu de tel.»

Le film de Martin est en lice pour la Compétition mondiale des premières oeuvres. Seulement deux films canadiens figurent parmi les 23 sélectionnés. Le gagnant sera connu lors de la cérémonie de clôture, lundi.

«Je n’ai pu voir que quatre des autres films en compétition, mais pour moi, l’important n’est pas de gagner un Zénith d’or, d’argent ou de bronze. Déjà d’être là est une récompense.»

Pour l’instant, Martin n’a pas encore trouvé de distributeur pour son film, ce qui lui permettrait de le voir projeté en dehors de Montréal. «Sinon, peut-être que je solliciterai directement certains propriétaires de cinémas.»

Il y a aussi la possibilité que La logique du remords soit reçu dans d’autres festivals de films. Mais Martin croit que son long métrage pourrait aussi connaître une vie au petit écran. «Certains défauts paraîtraient moins à la télé.»

Une chose est sûre: pour son prochain film, Martin Laroche ne refera pas l’homme-orchestre, qui écrit, tourne, dirige, figure et joue même le rôle de cantinier sur le plateau. «Je ne me sens pas assez compétent dans toutes ces sphères pour les assumer simultanément. J’espère avoir un budget raisonnable la prochaine fois. J’ai déjà d’autres scénarios en tête. Mais je serais ouvert à réaliser l’histoire de quelqu’un d’autre.»

Vous voulez y aller
La logique du remords
Aujourd'hui, 20 h
Demain, 15 h 30
Cinéma Quartier latin
350, rue Émery, Montréal
(514) 849-4422